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Hyung-Tae Kim, concept artiste coréen

Il y a des jeux dont le succès repose surtout sur le gameplay et non sur l’esthétique. Dans le cas de Magna Carta ou War of Genesis, c’est sans doute l’inverse. En Occident, où ces jeux coréens n’étaient pas encore distribués, la réputation du character design de Hyung-Tae Kim a précédé celle du jeu. Ces personnages sont ainsi les meilleurs ambassadeurs du Pays du matin clair.

Certains anime fans, qui sont souvent de grands joueurs de consoles, avaient pour habitude de snober les productions coréennes. En voyant les dessins de Hyung-Tae Kim, ils ont dû revenir sur leur jugement. Certains étaient même prêts à acheter la version PS2 de Magna Carta rien que pour le design.

Hyung-Tae Kim ne cache pas son inspiration japonaise ni son admiration pour Akihiko Yoshida (character designer de Final Fantasy Tactics ainsi que de Final Fantasy XII) et Murata Renge (et sans aucun doute pour ses pin-up prépubères aux vêtements couleur chair).

Il apparaît d’ailleurs dans le volume 5 de la série Robot que Renge superviseOn le retrouve aussi auprès d’autres anime fans dans Apple vol. 1 édité par Udon et même en cover artist d’un des comics Street Fighter et de Darkstalker.

Hyung-Tae Kim aurait pu faire de la bande dessinée, mais il se dit moins doué en dessin que bien d’autres et préfère l’illustration.

Il commence dans le jeu vidéo par le domaine du son, mais dès 1999 rejoint Softmax et crée les character designs de War of Genesis : Part I.

Puis il travaille sur les autres opus de la série et prend du grade en devenant directeur artistique en 2002. Il supervise ainsi la création des personnages, du crayonné jusqu’à la modélisation 3D et aux illustrations dédiées au marketing.

Il doit trouver le juste équilibre dans le niveau de détail des illustrations et des personnages modélisés en jeu afin de répondre aux contraintes techniques de chaque plate-forme de jeu.

Après avoir créé les designs de la série Magna Carta pour Softmax, Hyung-Tae Kim rejoint les rangs de NCsoft (Lineage) et développe un MMORPG pour la société coréenne : Blade & Soul.

Une fois de plus, les illustrations font baver d’envie tous les anime fans, les apprentis dessinateurs et les mâles de façon plus générale. Mais il faudra attendre 2010 pour pouvoir jouer à ce MMO… en Corée.

Des courbes bien marquées…

En général, dans les illustrations de Hyung-Tae Kim, la composition et les postures laissent deviner le « caractère » du personnage. Bien sûr, plus celui-ci est secondaire, plus ses expressions sont marquées et la silhouette typée.

En effet, il n’y a pas d’identification du joueur à ces figures, contrairement à ce qui se produit avec les héros des jeux.

Dans la plupart de ses dessins, il met en scène des personnages féminins au visage angélique et aux attributs mammaires de plus en plus conséquents à mesure que l’artiste vieillit.

Mutine, enjôleuse ou menaçante, elles sont toujours très expressives. Ajoutez à cela une sensualité très présente et voilà des icônes difficiles à oublier.

Une même volupté émane de certains personnages masculins au corps gracile qui font penser aux bishônen (éphèbes) des shôjo manga (manga pour filles).

Ainsi Carlintz, le héros de Magna Carta : Crimson Stigmata, a dû être redesigné car les collègues coréens trouvaient ses vêtements trop féminins.

Dans son univers RPG, les disproportions anatomiques et les mouvements de tissus sont légion, bien que les vêtements soient très courts et très près du corps lorsqu’il s’agit de mode féminine.

Les habits regorgent de détails qui feraient pâlir toute couturière cherchant à les reproduire dans le monde réel.

À ses débuts, on pouvait croire que sa formidable méthode de colorisation sur le logiciel Painter servait essentiellement à masquer les défauts de ses dessins et les nombreuses erreurs anatomiques.

Nombreux détails et textures, couleurs brillantes, corps huilés, la maîtrise de la peinture numérique est vraiment impressionnante mais celle de la composition ne l’était pas toujours.

Actuellement, l’anatomie de ses personnages ne souffre plus de défauts, si ce n’est cette tendance très japonaise à gonfler les attributs sexuels secondaires et à soumettre les corps à des déformations accentuant le dynamisme des poses.

En cela, il se rapproche de Masamune Shirow et du dernier volume de Ghost in the Shell où les figures féminines se contorsionnent afin de montrer au spectateur à la fois les airbags avant et arrière.

Dans cette même veine de corps baroque, les jeux de Vanillaware et les designs de George Kamitani pour Dragon’s Crown sont particulièrement intéressants.

Hyung-Tae Kim ne révolutionne pas le genre. Mais sa maîtrise technique et ses figures féminines hanteront encore pendant longtemps les rêveries heroic fantasy des joueurs asiatiques et occidentaux.

En 2014, après huit ans au sein de NCsoft, il a quitté le géant coréen pour fonder son propre studio. Un trailer du jeu en développement est disponible depuis 2019 en attendant de pouvoir y jouer. 

Le blog de Hyung-Tae Kim en coréen permet de voir ses dernières illustrations et des gif plein de bouncing breast

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