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Jeu vidéo

Pong ou le lancement d’Atari

Computer Space avait permis à Nolan Bushnell et Ted Dabney de créer le premier jeu d’arcade. Mais celui-ci n’a pas le succès fulgurant escompté. C’est pourquoi ils décident de produire un jeu plus simple à comprendre pour le public encore peu habitué à manipuler des objets sur un moniteur. Comme les bornes d’arcade sont souvent destinées à être mises en place dans des bars, l’idée est que même totalement saoul, un client peut toujours y jouer.

Pour y parvenir, ils fondent Atari (terme japonais utilisé dans le jeu de go) en 1972. Ils embauchent un ingénieur, Allan Alcorn et lui donnent un test pour qu’il s’entraîne : il s’agit de faire un jeu de tennis avec une balle qui rebondit de droite à gauche. Bushnell a vu tourner le jeu de tennis de Ralph Baer sur un prototype de Magnavox Odyssey lors d’une démonstration en 1972. Il demande donc au nouvel employé de reproduire l’idée en l’améliorant.

Pong est ainsi une copie arrangée de Tennis. Le score s’affiche à l’écran et le premier joueur à obtenir dix points gagne la partie. Pour accompagner les mouvements de la balle, il y a même du son. La borne est d’abord testée dans un bar. Les clients un peu intrigués au départ ne comprennent pas trop le concept, mais très vite, ils sont attirés et le lendemain, une file d’attente se forme pour y jouer. Malheureusement, la machine tombe en panne : elle est remplie à ras bord de cents et ne peut donc plus fonctionner.

Le lancement de Pong est un immense succès et de nombreuses copies sont très vite réalisées, ce qui pousse Atari à innover en proposant des variantes du titre avec deux joueurs. La borne d’arcade rapportant quatre fois plus de chiffre d’affaires que les autres machines mécaniques, on comprend que tout le monde se soit soudain mis à faire du jeu vidéo.

De son côté, Magnavox attaque Atari pour avoir volé l’idée de Tennis. Les deux sociétés trouvent un accord rapidement : Atari paient des royalties pendant que Magnavox attaque tous les nouveaux venus sur le marché naissant.

Pong reste aujourd’hui encore un titre clé. Immédiatement reconnaissable, il fait partie des icônes du jeu vidéo. Pour fêter les 40 ans du titre, Atari avait ressorti le jeu pour iOS.

Home Pong et ses clones

Devant le succès de Pong en borne d’arcade, les dirigeants d’Atari se mettent à chercher des partenaires pour réaliser une version console de salon. Ils s’allient avec Sears, troisième groupe de distribution aux États-Unis. Cette nouvelle version de Pong comprenant le jeu et la console est vendue pendant les fêtes de fin d’année en 1975. C’est le Noël qui lance définitivement le marché du jeu vidéo.

Par la suite, Atari distribue sa propre version de console (1976) et vend la licence à différentes sociétés souhaitant profiter de l’engouement suscité par cette nouvelle forme de divertissement. Mais beaucoup préfèrent produire des clones de Pong ou de Tennis et sa Magnavox – les deux étant identiques, suite à l’accord passé entre les ayants droit. En 1976, débute la série des consoles Hockey-Tennis par APF pour leur TV-FUN systems. La même année, Coleco vend sa Telstar 6040 avec trois variantes de Pong, tandis que Nintendo (qui a commencé en distribuant des Magnavox Odyssey) propose sa Color TV Game 6 en 1977. Toujours en 1976, la société Interfab propose de livrer au client une console Pong en kit : à lui d’assembler les composants électroniques pour y jouer avec sa télévision.

Le succès de Pong et ses variantes est indéniable et perdure jusqu’à la fin des années 1970. Mais même si l’on peut jouer jusqu’à dix jeux de balles et ballons différents (football, hockey, squash, tennis, etc.), le tout demeure assez monotone et la console finit souvent dans un placard à prendre la poussière.

En Europe, Pong et ses clones restent populaires jusqu’au début des années 1980 car les machines sont arrivées en import ou en versions adaptées avec quelques années de décalage. Certains fabricants de téléviseurs français comme Thomson ont ainsi intégré Pong à leur produit. D’autres entreprises plus obscures proposent des clones. Ainsi, Binatone produit cinq consoles avec des variantes de Pong en noir et blanc avant de sortir quatre autres adaptations en couleur. Il y a aussi les Hanimex, produites à Hong Kong, ou le PP-2000 d’Orelec qui passera à la postérité pour être la première console à proposer une variante de Pong et un jeu de pelote basque ! En gros, sur l’écran, on peut voir un point qui bouge entre un trait figurant le mur et une barre représentant le joueur en déplacement.

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