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Zelda : The Wind Waker Les petites choses qui en font un chef d’œuvre

De tous les jeux vidéo de la série Zelda, mon favori est sans doute Wind Waker. J’en ai déjà beaucoup parlé ici mais il y a temps de choses à dire que voici une petite liste des choses admirables en jeu, en dehors du jeu lui-même.

Le cel-shading et la mise en scène cartoon

À partir de modèle en 3D, la technique du cel-shading consiste à appliquer une texture particulière dont le rendu graphique fait penser aux dessins en 2D sur Celluloïd des films d’animation traditionnels.

Outre le parti pris artistique, la technique permet aussi d’économiser les ressources. C’est pourquoi les deux Zelda sur DS adoptent cette esthétique cartoon.

Il est en effet difficile de faire des épisodes en 3D dans cette petite console portable sans mettre à mal l’autonomie et trop solliciter les ressources.

Cette nouvelle esthétique a été vivement critiquée à l’époque mais Eiji Aonuma soutenu par Miyamoto a tenu bon. Après un certain temps, il y a ceux qui apprécient le look cel-shading et les autres…

Je fais partie de la première catégorie et j’ai été ravie de voir en 2005, que des fans d’Ocarina of Time ont mis à disposition une version émulée du jeu sur PC avec un rendu en cel-shading.

Le character design et l’esthétique cel-shading font de ce Zelda Wind Waker un véritable dessin animé interactif.

Les proportions de Link font de lui un personnage « chibi » avec une tête presque aussi grosse que le corps, et des yeux aussi immenses qu’expressifs.

Cette stylisation permet aussi d’élaborer une mise en scène plus humoristique qui rappelle celle des dessins animés japonais, avec un minimum d’éléments mais un maximum d’effet.

C’est le cas avec l’une des séquences du début, où trois dézooms successifs montrent trois expressions différentes de Link et sa situation très comique : pour le faire entrer dans un fort, les pirates l’on mis dans un baril qu’ils catapultent…

Mon voisin Totoro ?

Le peuple Korugus peut rappeler les êtres fantastiques du film de Hayo Miyazaki, Mon Voisin Totoro (1988).

Dans l’une des séquences très oniriques, les deux petites héroïnes plantent des graines pour faire progresser la forêt en compagnie de Totoro.

Elles dansent avec lui pour faire pousser un arbre géant et contemplent le monde du haut de ses branches avant de s’envoler dans les airs.

Dans le film de 1997, Princesse Mononoké, Miyazaki réintroduit des divinités de la forêt, les Kodamas, sous la forme de petites créatures blanches humanoïdes qui vivent dans la forêt avec le Dieu Cerf.

Dans Wind Waker, les Korugus ont aussi pour rôle de faire avancer la forêt et un arbre géant est leur « père ».

Après être monté au sommet d’un arbre, vous obtenez une feuille magique qui vous permet de voler ou dont vous pouvez vous servir comme d’un éventail géant.

Parmi les quêtes annexes, vous devez aider un Korugu à arroser un arbre pour le faire croître.

Toujours en lien avec les Korugus et l’arbre Mojo (Deku dans la version japonaise), l’objet nouveau dans cet épisode est une feuille magique.

À lire : Zelda et la pub

Elle permet à Link de voler temporairement et de provoquer des bourrasques permettant de faire fonctionner des mécanismes ou d’assommer des ennemis.

En soufflant sur les marchands Gorons, vous pouvez même faire s’envoler leur chapeau. En plus de la Voile et de la Baguette du Vent, c’est donc le troisième instrument lié au vent dans le jeu.

Tu veux ma photo ?

Parmi les personnages un peu ridicules et attachants de cet épisode, il y a notamment Johnny, sosie d’Elvis Presley, et Salvatore, le forain blasé qui vous fait jouer à Toucher-Couler.

D’une façon générale, les personnages secondaires sont extrêmement travaillés et chacun a sa personnalité.

Très expressifs même si on ne les côtoie guère que quelques minutes, ils contribuent à faire de cet univers un lieu vivant et chatoyant.

Et pour les garder en mémoire, en dehors des photos, un minijeu permet de reconstituer des images de ces personnages par le biais de puzzles.

Le darwinisme selon Nintendo

Dans les théories de l’évolution, les êtres vivants s’adaptent à leur environnement.

Par le biais d’une sélection naturelle, les animaux et les plantes les plus aptes survivent tandis que les autres disparaissent.

Dans le monde de Wind Waker, certains peuples issus d’Ocarina of Time ont vraiment beaucoup changé.

Les Kokiris, elfes vivant dans la forêt sous la protection de l’Arbre Mojo, sont devenus les Korugus, peuple de l’île aux Forêts. Ils ont perdu leur aspect humain et ressemblent plutôt à des feuilles vivantes.

Une fois que vous battez le boss du temple du Vent, Dumoria joue un air et l’ancien sage paraît : il s’agit d’un Kokiris jouant du violon (avec une forme de feuille Korugus).

Les Zoras, peuple amphibien habitant le fond du lac Hylia, ont totalement changé de milieu. À la place des nageoires, ils ont des ailes et sont devenus le peuple Piaf.

À la fin du temple de la Terre, lorsque Médolie joue l’hymne, l’ancien sage paraît et il s’agit bien d’une Zora.

En revanche, les Gorons n’ont pas beaucoup évolué si ce n’est qu’à présent, ils portent des chemises et un chapeau qui recouvre presque tout leur visage.

On ne croise que trois marchands ambulants Gorons dans tout le jeu.

Cette idée d’évolution sous-jacente dans le jeu a été exploitée par un artiste américain, Jude Buffum, qui en a fait une tableau géant, un arbre généalogique de toutes les créatures du monde de Zelda.

Tout part de l’arbre Mojo comme dans toutes bonne mythologie. J’avais fait une interview de cet illustrateur pour IG Magazine.

Le déluge

Si, en Occident, le déluge est toujours synonyme de châtiment divin, ce n’est pas tout à fait le cas en Asie.

Le mythe de l’Atlantide, celui du déluge dans la Bible ou même la légende d’Ys chez les Bretons tendent à faire de l’eau un instrument de purification par la destruction.

Au Japon, comme en Chine, il existe au contraire beaucoup de légendes avec des mondes sous-marins.

Dans la légende du Roi des Singes, un dieu Dragon vit dans un palais sous les océans, dont un des piliers soutient la « voûte » marine.

Dans celle d’Urashima Tarô, un pêcheur vit une idylle avec une princesse dans le palais sous-marin du dieu Dragon. Il retourne dans son village mais personne ne le reconnaît.

En fait, le temps ne s’écoule pas de la même façon dans le monde des hommes et celui des dieux. Plus de trois cents ans ont passé.

Lorsqu’il ouvre la boîte que lui a donnée la princesse, il retrouve d’un coup son âge véritable et meurt de vieillesse.

Dans Wind Waker, le déluge est une réponse à l’attaque de Ganondorf et un moyen pour le contrer. Ce n’est pas un châtiment divin.

Mais visiblement, cela a échoué et le monde est figé. Le temps s’écoule de nouveau quand l’épée est retirée de son socle.

À la fin du jeu, le roi d’Hyrule souhaite que son pays soit enfin totalement englouti pour permettre la pérennité du nouveau monde. Le déluge reprend donc son cours pour le bien de l’humanité.

Et pour ceux qui n’auraient pas de Game Cube, Nintendo a fait une version HD de ce jeu.

Pour une analyse du jeu, voir l’article dédié.

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