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Sailor Moon : le manga pro LGBT ? amours lesbiennes et travestis garantis

Lorsque les dirigeants d’AB production ont acheté Sailor Moon, ils n’ont certainement dû y voir qu’une série destinée aux petites filles avec son héroïne blonde et son mystérieux prince charmant. En réalité, ce dessin animé est sans doute le plus gay et le moins politiquement correct qui soit.

Je suppose que toutes les ligues extrémistes seraient montées au créneau pour interdire sa diffusion ou appeler au boycott. Si vous avez raté ce grand moment de liberté et de censure, voici de quoi réviser avant la diffusion de la nouvelle série de Sailor Moon en juillet.

Décembre 1993, le Club Dorothée diffuse les premiers épisodes de Sailor Moon avec un horrible générique chanté par Bernard Minet. Au début, on peut croire qu’il s’agit de la Nième magical girl accompagnée de son animal magique.

Blonde, un peu stupide et maladroite, Usagi Tsukino est un personnage suffisamment médiocre pour que tout le monde puisse s’y identifier. Mais lorsqu’il y a un danger, elle se métamorphose en Sailor Moon, transformant son uniforme d’écolière en tenue de combat.

Elle est régulièrement aidée par un homme masqué qui se révèle être son petit ami, Mamoru Chiba. Jusque là rien de vraiment nouveau sous le soleil.

Mais très vite l’héroïne se retrouve à la tête d’un escadron de filles guerrières aux personnalités bien plus intéressantes et très contrastées : Ami Mizuno (Sailor Mercure), Rei Hino (Sailor Mars, Makoto Kino (Sailor Jupiter), Minako Aino (Sailor Venus).

Ce girl band s’inspire des feuilletons de super héros japonais (sentai) et chaque épisode est le prétexte à une série de transformations avec quelques images de leur corps nu et de combats.

On comprend mieux pourquoi le manga et la série ont eu autant de succès auprès d’un public masculin au Japon alors qu’il s’agit initialement d’une série destinée aux filles.

Au Japon, l’héroïne n’était pas la Sailor la plus appréciée et chacune pouvait s’identifier avec l’une des cinq guerrières. Il y en avait pour tous les goûts.

Plus encore, la série met en avant leur amitié, force qui leur permet de lutter contre les forces du mal. L’histoire d’amour hétérosexuelle classique se retrouve au second plan. On pourrait presque se dire que le message initial de la série est le suivant : « Oublions le prince charmant et formons un gang de filles ! »

Par la suite, les cinq Sailors sont aidées par d’autres guerrières ce qui renforce le nombre de femmes fortes. On trouve d’abord les quatre planètes manquantes du système solaire : Uranus (Haruka Tenô), Neptune (Michiru Kaiô), Pluton (Setsuna Meiô), Saturne (Hotaru Tomoe).

Puis trois guerrières venues du reste de la galaxie interviennent : Sailor Star Fighter (Seiya), Sailor Star Maker (Taiki) and Sailor Star Healer (Yaten).

Avec toutes ces femmes, a-t-on encore besoin d’hommes ? Ah, mais oui, il faut bien qu’il y ait des ennemis !

Couple homosexuel

Dans le manga, l’adversaire ultime de Sailor Moon est Queen Beryl qui est parvenu à retourner contre le prince Endymion ses quatre gardes et alliés : Zoisite, Kunzite, Nephrite et Jadeite. Ces personnages sont tous très proches et l’auteure avait pensé à relater leurs anciens amours avec les Sailors.

Dans l’anime, cet amitié masculine devient une relation homosexuelle : Zoisite et Kunzite sont amants ; Nephrite cherche à venger la mort de son ami Jadeite.

Évidemment pour rendre tout ceci moins choquant pour les petites filles occidentales, Zoisite et Kunzite sont des frères en France tandis qu’aux USA Zoisite devient une femme.

On trouve un autre personnage homosexuel dans l’anime : Œil de Poisson (Fisheye). Il se travestit régulièrement en femme pour séduire les hommes.

Dans la version française, le personnage devient une femme. Là encore la version animée insiste sur une relation homosexuelle alors que le manga fait d’œil de Poisson un personnage très secondaire.

On se demande vraiment pourquoi l’anime met en avant ces amours entre hommes alors que le manga met surtout en scène l’amour entre femmes.

Couple lesbien

Le couple le plus connu est celui de Sailor Neptune et Sailor Uranus. Haruka est la figure la plus masculine du couple.

Cheveux courts, amatrice de sports mécaniques, elle est évidemment transformée en homme dans la version française car il ne peut exister que des couples hétérosexuels.

Dans la version américaine, Uranus et Neptune sont des cousines très proches et les dialogues ont été modifiés pour bien nous faire comprendre que Neptune est hétérosexuelle.

Leur histoire d’amour tragique devient bien moins intense après l’aseptisation.

Autre relation lesbienne mais beaucoup moins marquée : Seiya (Sailor Star Fighter) semble amoureuse d’Usagi et de la princesse Kakyû. Comme la saison n’est jamais parvenue en France, il n’y a pas eu de censure

Curieusement, là encore la version anime propose d’ajouter des hommes. Les Sailor Starlights sont des personnages masculins et le début de relation lesbienne entre l’héroïne et Seiya se transforme alors en une simple relation hétérosexuelle.

Mais lorsque les Starlights se métamorphosent, ils deviennent des femmes ! Du coup, c’est un peu comme si l’anime mettait en scène des transsexuels avec le passage d’homme à femme à chaque métamorphose.

Selon une psychologue italienne ces personnages pouvaient pousser les petits garçons à devenir des homosexuels… Du coup, dans la version italienne, au moment de la transformation les hommes sont remplacés par leurs sœurs jumelles.

Dans le manga original, les Starlights se contentent d’être des femmes (comme toutes les Sailors) et de se travestir en hommes dans leurs habits civils (thème assez habituel dans les shôjo manga).

La série est ainsi bien moins politiquement correcte qu’on ne le pense au premier abord. Entre ses amours lesbiennes et autres travesties, elle met en valeur toutes les relations possibles entre femmes : de l’amitié à l’amour en passant par la jalousie et la haine, le tout sans nécessairement avoir besoin de faire figurer des hommes.

En attendant la nouvelle série qui sera diffusée en juillet sur Niconico Doga et sous-titré en dix langues, on peut toujours relire les 12 volumes du manga réédité chez Pika ou retrouver les 18 volumes qui étaient parus chez Glénat.

L’intégrale de la saison 1 et de la saison 2 sont également disponibles en DVD. Mais pour les autres saisons, il faut passer par l’import.

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