Avec l’apparition des quotidiens gratuits et des sites gratuits sur internet, nombre de personnes ne comprennent pas pourquoi nous sortons un magazine sur papier. Le principal grief est le prix soit disant prohibitif.
« Quoi ? 8,50 € pour ça ? » Suivent alors les exclamations péremptoires : « La presse papier est morte car elle ne pourra jamais avoir la réactivité du net ! », « Sur le net, les dossiers sont plus fouillés », « Sur le net, les articles sont gratuits ! »
Bref, à l’ère où tout le monde veut être vu sur la toile, certains ne comprennent pas pourquoi d’autres préfèrent le papier. Tant pis, je suppose qu’il n’y a que les doux rêveurs pour aimer le papier et son rythme particulier.
Actuellement, il n’y a presque aucun site d’information sérieux viable uniquement avec une publication en ligne. Les versions en ligne des quotidiens ne rapportent pas assez pour qu’elles existent sans le soutien d’une version papier. Comment espérer voir une presse de qualité indépendante de qualité s’il n’y a pas d’argent pour faire vivre les journalistes qui écrivent ? Pourtant, tout le monde veut être sur la toile, tout le monde prédit la fin de la publicité papier et l’avènement de la publicité en ligne. Or, dans les faits, Chronicart et Rue89 ont lancé des éditions sur papier pour faire perdurer les sites et payer décemment les gens qui y travaillent…
Bimensuel, mensuel, bimestriel
Il nous semblait que payer 8,50 € pour un magazine de 268 pages sans aucune publicité était raisonnable. Cela ne fait jamais que 4,25 € par mois pour 134 pages sans pub, ce qui en fait l’un des magazines les moins chers du marché.
Si l’on compare IG à d’autres magazines de jeux vidéo et qu’on applique ce même calcul, on se rend compte que nous sommes presque trop bon marché. Après tout, Joystick coûte 6,95 pour une centaine de pages par mois, soit 13,90 € tous les deux mois. Quant à Canard PC, il s’agit de 4,30 € toutes les deux semaines, soit 17,20 € tous les deux mois. Bon, évidemment, le consommateur n’achète jamais avec un calculette en main pour faire ce genre de ratio.
L’autre gros problème d’IG est son petit format qui peut faire penser à certains qu’il y a moins à lire que dans un magazine aux pages plus grandes. Là encore, il s’agit de l’impression première du client lambda. En réalité, lorsqu’on fait une édition de poche d’un roman en grand format, il y a toujours le même nombre de mots à lire. De même, lorsqu’on achète un féminin dans la version normale et dans la version pocket, il y a toujours le même nombre de page, les mêmes articles et les mêmes images.
Néanmoins, les habitudes de consommation sont telles que certains restent persuadés qu’une page d’IG a moins de contenu qu’une page de mag grand format. Là, je pourrais insidieusement rappeler que les femmes sont sans doute connes, mais pas au point de se laisser berner par une édition pocket de BIBA, Glamour Marie Claire ou Cosmo au contenu amputé par rapport à des versions grand format. À ce propos, la mode des pockets vient effectivement de la presse féminine où certains titres n’existent qu’au format poche, ce qui est bien plus facile à transporter et à lire dans le bus ou le métro.
Signe, coût, temps de lecture…
Le Tigre, autre magazine sans publicité, s’est amusé à faire le calcul du vrai prix des livres et des journaux. L’auteur de l’article a ramené au prix par signe le prix d’un magazine. On constate ainsi que certains titres peuvent paraître chers à l’achat (1,20 € pour 8 pages de Canard Enchaîné), mais que ramené au nombre de signes le coût est bien moindre que certains quotidiens. Il cite aussi le cas de Psychologies Magazine qui a un faible coût au signe mais qui propose de nombreuses pages de « conso » qui ne sont que des pages de publicité masquée.
Dans le cas d’IG Magazine, il y a 268 pages et environ 2 500 signes par page. Si l’on effectue le calcul, on obtient environ 670 000 signes pour 8,50 € soit 0,0000126 euro le signe, soit 12 centimes les 10 000 signes. Avec ce chiffre, nous nous situons à côté du Monde Diplomatique. Si on estime qu’un lecteur moyen lit 1 200 signes à la minute, il lui faut alors un peu plus de 9 heures pour finir entièrement IG. Le temps de lecture pour un euro est donc de 1, 05 heure. Là encore, nous sommes assez proches du Monde Diplomatique.
Bien sûr, tout ceci ne veut pas dire grand-chose car il faut aussi comparer la pertinence des informations, de la réflexion, du style, etc. Néanmoins, il est assez drôle de faire ce genre de calcul type « prix au kilo ». On s’aperçoit alors que, pour un euro, Aujourd’hui en France propose un temps de lecture bien plus important que Le Canard Enchaîné.
Disons que le contenu n’a sans doute pas le même poids.