Que se passerait-il si vous étiez prisonnier d’un MMORPG ? Réponse dans Sword Art Online.
Après une première saison en 2012, Sword Art Online (SAO) revient en juillet 2014 pour une seconde série d’anime. Le roman initial de Reiki Kawahara met en scène des héros prisonniers d’un MMORPG par le biais d’un casque de réalité virtuel, le NerveGear.
Deux jeux vidéo ont également été adaptés de ce récit et ils sont désormais disponibles en Europe sur PS Vita : Sword Art Online Infinity Moment et Sword Art Online: Hollow Fragment. Comment expliquer le succès de cet univers ? Voici quelques éléments de réponses.
Dans le monde de SAO, un casque de réalité virtuel révolutionnaire a été créé par Kayaba Akihiko. Contrairement à l’Oculus Rift récemment racheté par Facebook ou le Morpheus de Sony, ce périphérique est directement lié aux ondes du cerveau.
Plus besoin de manette ou même de lever la tête, il suffit de penser et l’interface obéit. C’est bien sûr le moyen idéal pour s’immerger dans les MMORPG, mondes persistants où chacun est libre de s’imaginer une autre vie.
La sortie du médiatique MMO Sword Art Online en 2022 permet ainsi aux joueurs d’évoluer dans le monde d’Aincrad qui a pour spécificité de ne pas proposer de magie.
Les combats se font à l’arme blanche contre des montres (PVE) ou un autre joueur au sein d’une arène (PVP) qui les isole du reste de la population.
L’intrigue commence lorsqu’un lycéen, Kirigaya Kazuto, se connecte à Aincrad par le biais de son NerveGear. Il avait déjà participé à la bêta et connaît assez bien le jeu. Sous le pseudonyme de Kirito, il rencontre un noob (abréviation de newbie, anglais nouveau joueur) qu’il va initier au rudiment du combat.
Au moment, où les deux nouveaux camarades décident de retourner à leur vie IRL (In Real Life, vie réelle), ils se rendent compte que le bouton de déconnexion a disparu.
Au début, ils pensent que c’est un bug mais un message global ne leur laisse pas de doute. Kayaba Akihiko, le créateur du jeu et du NerveGear, a élaboré ce monde uniquement pour voir comment réagissent les humains face à l’imprévu.
En l’occurrence, il est impossible de sortir du jeu à moins de tuer tous les boss et d’atteindre ainsi le centième niveau. Si quelqu’un débranche le casque, la personne meurt car les connexions entre le cerveau et le reste du corps sont irrémédiablement endommagées.
Si l’avatar meurt en jeu, la personne meurt aussi. Les 10 000 joueurs qui pensaient être les veinards à jouer au MMO en avant-première sont en réalité prisonniers du jeu.
Prisonnier d’un MMO : encore et encore
Bien sûr, une histoire se déroulant dans un MMORPG dont les personnages sont prisonniers vous rappelle sûrement la série .hack//SIGN (2002-2003). Réalisée par le studio Bee Train, elle fait partie d’un projet transmédia produit par le studio de jeu vidéo CyberConnect2 et Bandai.
Celui-ci avec plusieurs séries de RPG sur Playstation 2, des mangas et des romans. Dans la fiction globale de ces médias, il existe un nouveau MMORPG intitulé The World conçu par la société CyberConnect Corporation en 2005.
Les joueurs y accèdent par le biais d’un casque de réalité virtuel et d’un gamepad. Plusieurs incidents perturbent ce monde en ligne et semblent liés au créateur du jeu.
L’anime se concentre sur le personnage de Tsukasa qui est prisonnier du jeu. Dans la réalité, Tsukasa est une fille qui cherche à nier son identité de genre pour échapper à une situation familiale dramatique.
Coincé dans le MMO The World, Tsuksa devra apprendre à surmonter ses peurs et à faire confiance aux autres tandis que son corps est plongé dans le coma dans le monde réel.
Cet anime est lié à une première série de jeux vidéo .hack// (2002-2004) a pour principal protagoniste Kite dont le but est d’aider l’un de ses amis plongé dans le coma.
Il existe quatre jeux : .hack//Infection, .hack//Mutation, .hack//Outbreak et .hack//Quarantine. Ces jeux sont liés à des OAV qui se focalisent sur les événements se déroulant dans le « monde réel » : .hack//Liminality (2002-2003).
Dans la trilogie de jeux .hack//G.U. (2006-2007) l’intrigue met en scène Haseo, autre joueur qui cherche à faire sortir du coma l’un de ses amis. Une série animée de 2005 met en scène ces différents personnages : .hack//Roots.
Entre 2005 et 2007, CyberConnect2 a également mis en ligne .hack//frägment, un MMORPG proche de The World que les précédents RPG. Enfin, la conclusion de tout ceci réside en un manga et un jeu vidéo sur PSP : .hack//Link (2010).
Mais si vous voulez encore un peu de rab’, il y a .hack//The Movie, film d’animation livré avec un jeu de combat .hack//Versus (2012).
Dans l’univers de .hack// seules quelques personnes sont dans le coma et prisonnières du MMO alors que dans SAO, il s’agit de 10 000 joueurs.
Dans Log Horizon, ce nombre est encore plus important. Trente mille personnes se retrouvent prisonnières d’un MMORPG intitulé Elder Tale (référence à la série Elder Scrolls?). Ce roman de Mamare Tōno a été adapté en manga et en série animée.
Contrairement à SAO et .hack//, il n’y a pas de casque de réalité virtuelle mais un transfert des personnes réelles en jeu. À partir de moment-là, puisque les faits In Game et IRL deviennent identiques, chacun doit s’adapter à la situation et certains créent la guilde « Log Horizon ».
Dans le même genre de série où le jeu vidéo est primordial, on trouve aussi Accel World, roman adapté ensuite en anime. L’auteur n’est autre que Reiki Kawahara, l’écrivain de Sword Art Online.
En fait, SAO avait déjà été publié en ligne en 2002 sous le pseudonyme Fumio Kunori. Le roman n’avait pas eu le succès escompté et ce n’est que bien plus tard, après le succès de sa série Accel World, qu’il a été republié avec succès chez Dengeki Bunko.
Comme vous le constatez SAO n’est pas le premier à mettre en scène des personnages prisonniers d’un jeu vidéo. Mais le vrai plus de cette série réside dans les mécaniques de jeu décrites qui correspondent à de gameplays de MMO.
L’auteur connaît vraiment le jeu vidéo ce qui donne une indéniable crédibilité à ses intrigues. Et comme il s’amuse à plonger son héros d’un jeu à un autre, il peut imaginer des mondes aux règles différentes.
C’est un peu comme être un game designer sans jeu réellement à développer. Actuellement, il y a 14 volumes de romans publiés et Kirito semble toujours naviguer de MMO en MMO.
Aincrad : jeu mortel
Une fois cette base posée, le romancier Reiki Kawahara nous montre l’évolution de Kirito et de ses compagnons à travers deux années passées dans ce monde virtuel. Il y avait 10 000 joueurs au début et il n’en reste plus que 6 000, ce qui beaucoup de morts…
Les survivants sont regroupés dans un hôpital où leurs fonctions vitales sont maintenues alors que leur esprit est prisonnier d’Aincrad. C’est l’occasion de s’interroger sur les liens entre identités réelles et avatars en jeu, sur les changements de comportement selon les mondes, sur ce qui vaut la peine d’être vécu.
Le roman montre ainsi que certaines personnes changent complètement de personnalité une fois en jeu. Certains semblent désespérés et se suicident ou au contraire décident de tuer un maximum de personnes avant de mourir à leur tour.
D’autres parviennent à se rassembler et former des guildes très soudées et hiérarchisées afin de tuer les boss de chaque niveau. Il y a également ceux qui sont paralysés par la peur et qui attendent dans la ville des débutants car ils n’ont qu’un petit niveau.
Dans tous les cas, le MMORPG révèle les personnages à eux-mêmes, dévoilant souvent le pire et parfois le meilleur de chacun.
Kirito était initialement un joueur solo un peu égoïste qui apprend à aider et faire confiance aux autres. Il rencontre notamment la jolie Asuna qui devient rapidement un membre important d’une Guilde.
Doté d’une capacité spéciale lui permettant de porter une épée à chaque main, Kirito est un redoutable guerrier qui doit faire face à sa culpabilité d’avoir laissé mourir certains compagnons.
Parmi les autres personnages de l’univers d’Aincrad, il y a aussi la mystérieuse Yui, qui n’est pas tout à fait humaine.
Après avoir battu plusieurs boss et progressé jusqu’au niveau 75, les héros affrontent le créateur du jeu et parviennent à le battre par un retournement de situation que je vous laisse découvrir.
À la fin du premier light novel publié chez Dengeki Bunko en 2009, Kiroto parvient à se déconnecter de SAO et déambule dans un couloir d’hôpital pour retrouver les amis qu’il s’est fait en jeu dans la « vraie vie ».
Ce premier roman illustré constitue la trame des quinze premiers épisodes de la série animée de 2012. Il est également la base du manga SAO Aincrad qui comporte deux volumes dessinés par Nakamura Tamako.
ALfheim Online le pays des fées
Après Aincrad, les joueurs sortis du MMO sont regroupés dans un lycée spécialisé où ils sont suivis psychologiquement. Malheureusement, tous ne sont pas revenus du monde virtuel indemnes.
Asuna (Asuna Yûki de son vrai nom) est dans le coma et Kirito se désespère en allant lui rendre visite régulièrement à l’hôpital. Il apprend qu’elle est la fille d’un riche industriel qui a racheté le jeu Sword Art Online et les différents serveurs.
La famille ne voyant pas son état s’améliorer ou empirer, elle décide de la marier à l’un des bras droits de la société. Pour empêcher cette union dans la vie réelle, Kirito plonge de nouveau dans un monde persistant avec son NerveGear.
En effet, des joueurs auraient aperçu une jeune femme prisonnière d’une cage qui ressemble étrangement à Asuna.
Pour en avoir le cœur net, Kirito devient alors une fée dans le monde d’ALfheim (ALO) qui se compose de neuf races de fées dont le but est d’atteindre le sommet de l’arbre géant au centre de cet univers.
À son sommet, vit le roi Obéron qui peut exaucer le vœu le plus cher des fées : voler sans aucune limite de temps. Contrairement à Aincrad où il n’y avait pas de magie, ici tout est magique !
Il faut dire que Alfheim est le nom du pays des fées dans la mythologie nordique (Álfheim en vieux norrois) et Obéron est effectivement le roi des fées dans la pièce de théâtre Songe d’une nuit d’été de Shakespeare (le personnage est lui-même inspiré du folklore germanique).
En jeu, la progression ne se fait par la mise à mort des boss à chaque niveau mais par le biais des capacités qui s’acquièrent et s’améliorent en les utilisant.
Si le premier arc narratif évoque les problèmes d’identités et les nombreux mécanismes propres aux MMO (PVP, guilde, maître artisan, Player Killer, etc.), le deuxième insiste plus sur les relations amoureuses entre les personnages.
Outre la quête personnelle de Kirito pour sauver sa princesse en cage, on découvre la sœur de celui-ci, Suguha Kirigaya. Sous le pseudonyme Leafa, elle est une fée qui aide Kirito à se familiariser avec les règles du nouveau MMORPG.
Bien sûr, elle tombe amoureuse de ce nouveau joueur sans se rendre compte qu’il s’agit de son frère… À cette histoire d’amour que je trouve un peu laborieuse, s’ajoute le thème des expérimentations sur les humains par le biais des casques de réalité virtuelle.
Malgré son thème aérien, ce deuxième arc est plutôt lourd et l’on a du mal à s’envoler pour un final relativement convenu. La seconde partie de l’anime reprend cet arc narratif et un manga se base également sur ces événements (SAO — Fairy Dance, par Hazuki Tsubasa).
Aincrad version alternative
Si vous préférez vous aussi les épées d’Aincrad, vous pourrez toujours lire les romans qui relatent divers événements de cette période ou jouer aux deux jeux sur PS Vita qui proposent une fin alternative.
Alors que l’anime, Kirito parvient à battre le créateur du MMO au niveau 75, le jeu reprend au niveau 76 comme si personne n’était parvenu à sortir de Sword Art Online.
Toujours piégés dans Aincrad, les personnages doivent progresser jusqu’au niveau 100, soit les 25 niveaux restant. Pour pimenter le tout Leafa et d’autres personnages d’ ALfheim se retrouvent dans cette version alternative d’Aincrad.
Bien sûr, on aurait pu attendre le lancement de l’Oculus Rift pour jouer à Sword Art Online. On peut aussi essayer de jouer avec son cerveau et bricoler un casque avec un logiciel de BCI (brain computer interface, soit interface cerveau-ordinateur) comme ceux qui existent actuellement.
Mais l’éditeur Namco Bandai a préféré faire un petit RPG à destination des fans de la série plutôt que de créer un MMORPG. Ainsi Sword Art Online : Infinity Moment est sorti en 2013 sur PSP (PlayStation Portable) et uniquement au Japon.
Ce RPG réalisé par Banpresto nous permet d’incarner le héros et de faire de multiples donjons et de trucider un maximum de monstres. Le scénario propose plusieurs fins selon les personnages.
Petit bonus, il était livré avec un jeu de dating sim (simulation de drague) où l’on pouvait fleurter avec Asuna. Au printemps 2014, une suite est sortie au Japon : Sword Art Online: Hollow Fragment sur PS Vita.
Là encore, il ne s’agit que d’un simple RPG et l’intrigue reprend l’univers alternatif du premier jeu. Il est possible de jouer en coopération à quatre en local ce qui égaie un peu les combats un poil répétitif.
Comme Sword Art Online commence à être connu en Europe, Sword Art Online: Hollow Fragment sort cet été en téléchargement sur la PS Vita en France et le premier titre est en bonus. Les fans seront contents de faire une économie tout en retrouvant le casting vocal de l’anime.
À défaut d’être le RPG de l’année, il est l’accessoire indispensable des fidèles de la série ayant déjà une console portable de Sony.
Les autres arcs narratifs
Après avoir joué à deux MMORPG, Kirito n’en reste pas là et il se retrouve dans un autre monde virtuel pour enquêter sur une série de meurtres. Dans Gun Gale Online (GGO), tout est basé sur les armes à feu.
Dans un univers post apocalyptique, notre héros rencontre un nouveau personnage au passé très intéressant : Shinon. Tous deux participent à un tournoi pour en savoir plus sur l’arme particulière qui semble pouvoir tuer à la fois en jeu et dans la réalité.
Dans le quatrième arc narratif, l’auteur laisse enfin Kirito de côté pour se concentrer sur Asuna qui essaie de revivre dans le monde réel après ses deux ans dans Aincrad.
A priori la deuxième saison de SAO en anime devrait mettre en scène Shinon et l’enquête sur les meurtres. Espérons que l’adaptation soit aussi intéressante que la première partie de la saison 1 !