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Femme en cage et homme rembourré : la mécanique des dessous

C’est une chose de parler de l’évolution du corps de la femme, c’est en une autre de la voir réellement par le biais des dessous, objets qui transforment radicalement la silhouette.

On nous parle régulièrement des diktats de la mode, de la tyrannie de la taille mannequin, de l’anorexie maladive qu’elle favoriserait chez les jeunes filles. En parallèle, on vante les courbes pulpeuses de Marilyn Monroe, de Scarlett Johansson ou Beyonce, on rappelle qu’autrefois la femme bien en chair était un canon de beauté. Toutes ces injonctions paraissent bien inefficaces après avoir vu l’exposition La mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette au Arts Décoratifs.

Paniers articulés, tournures rétractables, corset sont autant d’harnachements exprimant la beauté culturellement construite par chaque société.

Dès l’entrée, le spectateur est confronté à un corset en métal qui met littéralement la femme en cage. Suivent alors différents corsets avec le busc, lame de métal permettant de comprimer le ventre tout en redressant le corps. Enfants et femmes étaient ainsi corsetés afin de les maintenir droit, signe de distinction.

Contraint et remodelé par ces objets, le corps réel disparaît et la femme se voit imposer par ce biais une démarche, un maintien, une façon d’être. L’histoire de la femme au fil des siècles se confond avec celle des différentes formes d’entrave que l’imagination des hommes impose à leur corps

Le corps rêvé des hommes

Il ne faudrait pas croire que les hommes soient épargnés par cette vaste tentative de redéfinir les contours du corps. On découvre avec surprise les différents types de rembourrages signes extérieur de virilité. Aux braguettes proéminentes en tissus de la Renaissance suivent les bas rembourrés du XIXe siècle.

Mais le plus impressionnant est l’ingéniosité mise en œuvre pour articuler ces différentes adjonctions corporelles : hanches qui se rétractent, faux-culs qui se replient afin de permettre à la femme de s’asseoir… En métal, en cuir, en bois et en tissus, ces éléments deviennent le corps visible, socialement accepté et célébré.

Aujourd’hui, nous n’avons plus vraiment recours à ces éléments externes, lourds et encombrants. Pourquoi mettre des adjuvants à la silhouette à chaque enfilage de vêtement alors que la chirurgie esthétique permet d’incorporer ces éléments adventices sous la peau de manière presque imperceptible ? Prothèses mammaires et autres renforts exogènes modèlent le nouveau corps féminin qui partage avec celui de Barbie les mêmes matières premières.

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