Catégories
Anime Livres

Hommage à Satoshi Kon

Décédé en 2010, Satoshi Kon est le réalisateur de film d’animation japonais le plus marquant du début des années 2000. Pourtant, le grand public et la presse ignore son nom et ne jure que par Miyazaki et Ghibli. Ce livre tente de lui apporter une notoriété méritée.

J’avais déjà consacré des articles à Satoshi Kon par le passé. Mais en écrivant ce livre, j’ai essayer de vraiment l’inscrire dans une filiation cinématographique mondiale.

On pourrait s’attendre à ce que Satoshi Kon puise dans la culture cinématographique japonaise. Après tout, Millenium Actress pastiche des scènes précises du Château de l’araignée d’Akira Kurosawa et de films de Yasujirō Ozu. Toutefois, la réalité est tout autre : le réalisateur a découvert le cinéma japonais en travaillant sur son long métrage.

Pour se forger un style propre, Satoshi Kon s’inspire des cinéastes occidentaux qui ont sur créer des œuvres visuellement très riches et surprenantes mêlant réalité et fiction : George Roy Hill, Terry Gilliam, Jean-Pierre Jeunet, Lasse Hallström. Il leur emprunte à la fois des procédés techniques, des thématiques et une certaine passion pour le divertissement. Mais là encore, il faut se garder de croire qu’il s’agit d’une simple transposition en animation, ou que Satoshi Kon fasse du dessin animé car il n’a pas réussi à être un cinéaste en prise de vue réelle. 

Satoshi Kon George Roy Hill, Terry Gilliam, Jean-Pierre Jeunet, Lasse Hallström

En effet, le cinéma en prise de vue réelle occidental est avant tout un catalyseur de nouveaux jeux formels et narratifs que Satoshi Kon ajoute au répertoire des techniques d’animation développée au Japon depuis les années 1960.

Par la suite, de nombreux cinéastes lui ont rendu hommage en recréant dans des films en prises de vue réelle certaines scènes iconiques de Paprika et Perfect Blue.

Dans le cas de Requiem for a Dream (2000) de Darren Aronofsky, la scène où Mima se recroqueville dans la baignoire est rejouée par Jennifer Connelly. Mais dans un cas les hallucinations du personnage restent inexplicables tandis que dans l’autre une explication rationnelle (abus de drogue) est clairement mise en avant tout au long du film.

De la même manière, Black Swan (2011) comporte des similitudes avec Perfect Blue : thème du double maléfique et de la célébrité à différent âge, personnage poignardé avec un bris de verre/miroir, etc. Mais le film occidental s’achève avec une explication plus simple de descente progressive de l’héroïne dans la folie.

Satoshi Kon Black Swan Perfect Blue Paprika Inception Nolan

Inception (2010) de Christopher Nolan propose de nombreuses similitudes avec Paprika, mais là encore, au-delà des hommages visuels, le propos et la technique sont très différents. La scène du couloir qui se déforme pendant que le détective Konakawa poursuit un meurtrier et qu’un cadavre flotte devant ses yeux est reprise avec l’acteur Joseph Gordon-Levitt.

Mais là où le réalisateur japonais joue sur les répétitions avec variations sans jamais donner d’interprétation rationnelle définitive, le metteur en scène britannique propose un montage alterné entre ce qui se passe dans le rêve (lutte dans un couloir) et la réalité (une course-poursuite en voiture où le rêveur est propulsé dans les airs lors d’un carambolage). Autrement dit, l’un a confiance dans les capacités d’interprétation de son audience, tandis que l’autre le prend rigidement en main pour qu’il ne se trompe pas.

Pour en savoir plus, il faudra lire le chapitre dédié dans le livre…

Voici les données bibliographiques : Bounthavy Suvilay, Hommage à Satoshi Kon, Paris, Ynnis Edition, 2022, 128 pages

Qu'en pensez-vous ?