Lorsque le studio Gainax décide de faire une série débile, en général, c’est vraiment très gratiné. Je vous avais déjà parlé de Oruchuban Ebichu, anime mettant en scène un hamster et des humains très portés sur la chose. Avec Panty and Stocking with Gaterbelt, c’est reparti pour un gros délire sur le sexe. Mais cette fois-ci, c’est l’équipe de Gurren Lagann / Kill la Kill qui est aux commandes.
Chronologiquement, Panty and Stocking se situe entre Gurren Lagann et Kill la Kill. Après la production de la série sur les robots géants, l’équipe est allée se reposer et fêter cela autour de quelques verres. C’est au cours de ces meetings (très) arrosés qu’ils se sont dit qu’ils pouvaient faire un anime totalement crétin avec tout ce qu’ils n’ont pas le droit de faire habituellement. Ceci explique pourquoi la série met ostensiblement en scène les principaux tabous : sexe, violence gratuite, excréments, etc. D’ailleurs le titre annonce la couleur puisqu’il correspond à la fois aux noms des principaux protagonistes et signifie : « culotte, bas et porte-jarretelle ». Le seul contrepoids réside dans le style graphique qui permet d’éloigner au maximum les images de la réalité. Le character design et la direction artistique se rapprochent plus de Powerpuff Girls que du photo réalisme. Du coup, presque tout est permis.
Les anges déchues
Panty et Stocking sont des anges vivant à Daten City (jeu de mots sur datenshi terme japonais signifiant « ange déchus »), ville à équidistance de l’enfer et du paradis. Des fantômes venant régulièrement perturber la vie des habitants, le prêtre Garterbelt, tel un Charlie à la coupe afro, envoie alors ses deux angels régler le problème. En réalité, elles font souvent plus de dégâts que les fantômes eux-mêmes. On pourrait presque comparer Panty and Stocking à Dirty Pair où les héroïnes formaient les « Lovely Angels ». Dans les deux cas, les missions sont accomplies mais c’est au détriment de tout ce qui aurait le malheur d’être sur leur passage. Là où les anges passent, tout le monde trépasse…
Il faut dire que ces filles n’ont rien d’angéliques. La lolita gothique Stocking adore les petites gâteries sucrées tandis que la blonde Panty se contente d’autres types de gâteries avec des hommes. Elles incarnent deux des sept péchés capitaux : la luxure et la gloutonnerie. Lorsqu’elles rencontrent leur opposé, deux sœurs démones dans un épisode au titre rendant hommage au film de Clouzot (Les Diaboliques), on se rend compte que les ennemis sont plus censées, suivent des règles et font moins de dégâts que les véritables anges. Évidemment ces sœurs portent aussi des noms de sous-vêtements : Scanty et Kneesocks (culotte et mi-bas).
Lorsque Panty et Stocking se battent, elles se transforment telles des magical girls. La seule différence est que la séquence ne les présente pas nues, passant d’enfant à l’âge adulte. Elles sont alors exhibées dans un graphisme plus réaliste et sexy avec une barre de pole dance à disposition pour qu’elles se tortillent dessus, tout en enlevant leur culotte et leur bas. Ah, je ne vous avais pas dit que les culottes se transformaient en flingues et les bas en épées dans cet univers loufoque ? Eh bien, voilà qui est fait.
En plus de ces deux anges, on trouve un prêtre à la coupe afro et aux penchants sadomasochistes qui semble préférer le bondage aux auto-flagellations. Un chien stupide qui ressemble à un pacthwork les accompagne et se révélera bien utile dans l’épisode final. Quant à Stocking, elle ne quitte pas sa peluche chat bicolore. Dans la galerie des adversaires, outre les sœurs démoniaques, il y a leur père répondant au nom évocateur de corset et qui partage les mêmes mœurs que Garterbelt. Enfin, il faut évoquer Geek Boy, le nerd timide dont la frange cache la moitié du visage. Amoureux de Panty, il se prend de monstrueux vents de la part de la belle et sert de punching-ball assez régulièrement.
Parodies, pastiches et what the f*ck
Comme les 13 épisodes sont scindés en deux, il s’agit en réalité de 26 courts métrages déjantés où le scénario est loin d’être primordial. En général, un fantôme cause des dégâts dans la ville. Les anges vont le tuer en occasionnant encore plus de catastrophes et le combat s’achève comme dans une série de sentai ou de tokusatsu (super héros japonais type Bioman) avec l’explosion de la figurine de l’adversaire. Ce fil conducteur de base sert aussi à revisiter et parodier des films ou des séries connues : les Transformers, Ghostbuster, les films de zombies, les films de guerre… C’est un joli foutoir quand on y pense. Et le tout n’est pas toujours réussi. Mais c’est tellement débile qu’on a envie de regarder l’épisode suivant pour voir jusqu’où ils peuvent aller.
Au niveau graphique, la direction artistique de Panty and Stocking change selon les besoins de l’épisode. Certains passages sont « réalistes » (du moins plus proche de l’esthétique courante d’un anime), d’autres reprennent le traité de South Park ou des images du groupe Gorillaz. Comme au niveau du scénario, tout est permis. Seul l’humour permet de lier les épisodes dans une esthétique de la discontinuité. Là encore, il y a des épisodes moins réussis que d’autres mais on regarde la série pour voir quelle seront les nouvelles tentatives pour agrémenter cet improbable pot-pourri stylistique. Et l’épisode final vaut le coup d’œil.
Outre l’avidité pour les sucreries et les hommes, Panty and Stocking with Garterbelt revient de manière appuyée sur toutes les sécrétions humaines et notamment les excréments. Dans plusieurs épisodes, les héroïnes sont entraînées à travers la cuvette des toilettes et en ressortent en ayant récuré les canalisations. Comme vous pouvez le constater, c’est vraiment la série de tous les excès.
Après ce gros pétage de plomb l’équipe ne s’est pas vraiment calmée. Plus encore, on peut se demander en quoi le fait de se défouler ainsi les a inciter à quitter Gainax pour avoir encore plus de liberté et d’assumer pleinement leur délire. Après avoir gravi tous les échelons au sein de Gainax, Hiroyuki Imaishi (réalisateur de Gurren Lagann et Dead Leaves) quitte le studio pour fonder le sien et propose aux amateurs une série déjantée où les combats et les retournements de situations se succèdent à un rythme effréné : Kill la Kill. Panty and Stocking est donc à voir comme une œuvre de transition souvent inégale entre deux petits chefs d’œuvre.