Entre celles qui revendiquent le topless sur les plages et celles qui s’y refusent, on parle décidément beaucoup de sein sur les plages et aussi dans les médias.
En France, on peut rester sur la plage les seins nus sans que cela pose trop de problème. D’ailleurs, une campagne de publicité de 1981 pour l’afficheur Avenir montre bien que le tabou n’est pas tant la poitrine dénudée que le pubis à nu. En une semaine, la jeune femme en maillot de bain fait un strip tease pour se retrouver intégralement nue en 4 par 3 sur les panneaux publicitaires.
Dans les années 1980 en France, si les femmes enlèvent le haut, elles se gardent bien de montrer le bas et le monokini est de rigueur.
Si le topless ne pose pas de problème sur les plages de la métropole en général, il est néanmoins interdit à Paris Plages car l’événement se situe en plein cœur de la ville. Les femmes sont priées de bronzer avec toutes les pièces de leur maillot de bain.
Désamour pour le topless en France ?
Depuis 2009 et la rumeur de l’interdiction des seins nus sur les plages françaises, il semble que durant la période creuse* estivale les journaux refont un point sur la désaffection des français par rapport au topless. Le tout est en général couronné par un sondage comme celui de l’IFOP.
Ainsi en 2011, le journal de 13h de TF1 y consacre un reportage. Les autres chaines ne sont pas en reste et France 3 poursuit dans la même veine en 2013. Les quotidiens régionaux font de même, à l’image de Midi Libre, La Provence ou Ouest France.
En juillet 2010, le sociologue Jean-Claude Kaufmann, auteur de Corps de femmes, regards d’hommes :Sociologie des seins nus sur la plage (1995, Nathan), explique que les marquages culturels ont changé :
Dans les années 1960, l’invention du topless sur les plages françaises fut clairement vécue comme l’affirmation d’une assurance et d’une nouvelle liberté par les femmes. Aujourd’hui, au contraire, se multiplient les signes d’une légère régression de la place de ces dernières dans la société.
Manif pro sein nu au Brésil
Pendant que les Françaises se rhabillent, les Brésiliennes tombent le haut. Dans O Globo, Pedro Sprejer rappelle que le « Le topless a débarqué sur les plages de Rio avec le raz-de-marée libertaire de la fin des années 1970. » Néanmoins, les Brésiliennes ne sont qu’une minorité à oser le monokini. D’ailleurs, dès qu’un sein surgit, les policiers ne sont jamais loin pour demander à la femme de se rhabiller sous peine d’une amende et de trois à douze mois d’emprisonnement.
C’est contre cette interdiction du topless que des femmes se sont mobilisées le 21 décembre 2013 (premier jour de l’été austral) sur la plage d’Ipanema. Mais même s’il y avait plus de 2000 personnes mobilisées sur la page Facebook de l’événement comme l’annonce l’article du quotidien de Rio, très peu se sont réellement déplacée.
Comme on le voit, une mobilisation sur les réseaux sociaux ne correspond pas toujours à un engagement dans la réalité quotidienne. Ce qui est en revanche bien réel, c’est le battage médiatique et la horde de photo-journalistes masculins ravis de prendre des clichés de seins nus.
Il semble donc qu’on ne peut pas voir deux types de protubérances féminines à la fois : soit vous avez droit au string ficelle et au décolleté couvert comme au Brésil, soit vous êtes topless en monokini comme en France.
En attendant de savoir si les seins nus sont autorisés chez les uns ou à la mode chez les autres, la marque de vêtements féminins Desigual les expose en guise de montagne de sable sur les plages que constituent leurs nombreuses vitrines en France et en Espagne. De cette façon, on est sûr de voir des seins nus sur la plage. Et comme dans les années 1980, la publicité et le marketing peuvent donc toujours mettre des mamelons pour vendre.
Le téton plus violent que l’homme ?
Si dans le monde réel, l’exposition du sein est sujet à débat et varie selon les cultures, sur les réseaux sociaux et notamment Facebook, il semble que l’image d’une femme battue est moins choquante que celle d’un téton.
C’est en tout cas ce que révèle le Community Manager de l’Agence France Presse sur leur blog officiel. Il avait publié la photo d’une Femen, militante aux seins nus avec le slogan écrit dessus. Facebook l’a retiré car l’image ne correspond pas aux standards sur la représentation sur la nudité :
Nous imposons également des limites à l’affichage de certaines parties du corps.
Visiblement, il est possible de montrer le sein à condition de ne pas montrer les tétons ce qui obligent les Femen à gommer le bout encombrant pour les images de leur page officielle sur Facebook.
Du coup, l’Agence France Presse a fait de même en mettant un carré blanc pudique sur le sein d’une Femen se faisant étrangler sous les regards souriants d’hommes habillés.
Donc la moralité de tout ceci est que le mamelon est autorisé en vitrine dans tous les villes mais qu’il doit disparaître du monde virtuel pour ne choquer personne.
Du coup, si c’est seulement le téton qui pose problème, outre le fait qu’on devrait interdire aux hommes de montrer les leurs en étant torse nu lorsqu’ils sont en maillot de bain, je me pose ces deux questions idiotes :
- doit-on demander aux femmes aux tétons ombiliqués d’aller manifester seins nus afin d’être sûr que l’image soit intégralement publiée sur tous les réseaux sociaux sans censure ?!
- doit-on porter plainte contre Desigual qui ne montre qu’une seule forme de tétons et contribue donc à discriminer et angoisser les femmes ayant des tétons ombiliqués ?
Pour voir comment les dessous ont modifié les corps féminins et masculins au fil du temps, rendez-vous ici.
Et pour ceux qui seraient intéressé par les lois contre l’obscénité dans le manga, il y a ça.
Et pour ceux qui ne savent pas ce que sont des tétons ombiliqués, il y a cette émission médicale.
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* Attention : qui dit période creuse pour les médias français ne dit pas que dans le reste du monde les guerres, les famines ou les meurtres ne continuent pas leur petit bonhomme de chemin mais simplement que la presse française décide de poser un voile dessus pour ne pas perturber les familles en vacances.
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