Surfant sur le succès du manga, Kurokawa sort les artbooks de Fullmetal Alchemist et les récits en version roman pour le plus grand bonheur des fans. Seul problème : il vaut mieux oublier ce premier volume qui n’apporte pas grand-chose à l’histoire originale.
Si vous ne connaissez pas encore Fullmetal Alchemist, c’est que vous êtes passé à côté du phénomène de l’an dernier en série animée. C’est l’un des rares shônen à grand succès qui ne soit pas édité dans le magazine Jump de la Shueisha et qui soit écrit par une femme.
Pour faire court, disons que c’est l’histoire des deux frères Elric, qui tentent de retrouver leur corps original dans un monde où l’alchimie remplace en grande partie la science. Pour cela, ils partent à la quête de la pierre philosophale.
Si l’on accroche, c’est à cause des scènes de baston, du très bon scénario, de la galerie de méchants plus charismatiques les uns que les autres, de l’humour qui fait mouche à chaque fois. Et pour les vrais fans pointilleux, il y a plein de référence à des personnages réels appartenant à l’histoire de l’alchimie, des noms correspondant à des noms d’armes à feu, des allusions à des légendes ou des religions.
Pour en savoir plus sur l’alchimie dans Fullmetal Alchemist, allez là !
Le manga original de Hiromu Arakawa a d’abord été adapté en une série télévisée dont la fin est cohérente, mais qui diverge considérablement de la version papier. De même, le film Conqueror of Shambala propose une suite à l’anime qui se distingue de l’intrigue développée dans le manga.
Exploitons le filon !
Pour poursuivre les aventures d’Ed et Al Elric, les éditeurs japonais ont fait appel à Makoto Inoue, chargé d’écrire des romans à partir de l’univers de Fullmetal Alchemist. Arakawa s’est contentée de lui expliquer le contexte et les personnages.
Quelques petites illustrations rythment les pages et un strip en quatre cases conclue de manière humoristique la rencontre entre les éditeurs et les deux auteurs. Bref, si vous pensiez avoir de grandes et jolies illustrations couleurs, c’est raté. Il n’y a que cinq vignettes en noir et blanc en plus de la postface.
Actuellement, il y a cinq volumes d’environ 200 pages dont trois ont déjà été traduits aux États-Unis. Appartenant au groupe Editis tout comme Kurokawa, l’éditeur Fleuve Noir commercialise la version française de cette « novelisation ».
A propos de la version anime de Fullmetal Alchemist
Il espère bien sûr que le succès sera aussi important que pour le manga. Les Français semble enfin comprendre le sens des mots produits dérivés et cherchent à exploiter la poule aux œufs d’or sous toutes ses formes (rôtie, escalopes, aiguillettes, pilons, paupiettes…).
À qui s’adresse ce roman ? Aux fans hardcore qui ont déjà les DVD, les mangas, la bande originale et qui ont soudoyé la nièce de la voisine de leur ex-copine pour qu’elle ramène de son séjour scolaire au Japon les éventails FMA qui manquent à la collection.
À ceux qui ne connaissent pas la série animée (mais comment font-ils ?) et qui pensent qu’acheter un livre est plus pratique à trimballer dans les transports en commun qu’un lecteur de DVD. À ceux qui ne connaissent pas l’univers de FMA et qui souhaitent y entrer par ce biais.
Pas indispensable
Le premier roman de Fullmetal Alchemist est intitulé Terre de pierre et il est assez décevant. Il s’agit de deux intrigues indépendantes qui ont déjà fait l’objet d’une version animée. La première histoire correspond aux épisodes 11 et 12. La seconde reprend les aventures loufoques de la compagnie de Roy Mustang dans l’épisode 37.
Dans la première nouvelle, les frères Elric arrivent dans la cité minière de Xenotime en espérant y trouver des indices sur la pierre philosophale. L’or qui a fait la prospérité du lieu semble avoir définitivement disparu.
Mais des événements étranges (impliquant une pierre écarlate aux grands pouvoirs) attirent l’attention d’Ed et d’Al. Ils doivent très vite faire face à des imposteurs qui se servent de leur nom à des fins peu reluisantes.
Dans la seconde intrigue, les soldats s’interrogent à propos d’un treizième entrepôt hanté et d’une histoire de fantôme. La chute de cette histoire, qui débute comme un récit fantastique, est particulièrement comique.
Le style est simple, facile à lire et le tout n’est pas très long. Certes, ces romans ne sont pas destinés à rester dans les annales de la Littérature mondiale. Toutefois, ils se laissent agréablement lire si vous êtes bien le public ciblé. Sinon passez votre chemin et allez directement voir le second roman.
Fan fiction officiel ?
À partir du deuxième volume, Makoto Inoue développe des intrigues originales qui permettent d’approfondir l’univers de FMA et ne peuvent que plaire aux fans de la série. Le titre du tome 2 peut être traduit par « l’Alchimiste kidnappé ». L’armée doit faire face à une série d’attentats contre les voies ferrées.
Dans le même temps des membres de famille de personnages importants de l’armée sont enlevés. Les terroristes ne tardent pas à séquestrer Ed en pensant qu’il est le fils de Roy Mustang. L’aventure est d’autant plus hilarante que les deux hommes doivent faire équipe alors qu’ils ne s’entendent pas et qu’ils passent leur temps à s’envoyer des vannes.
Dans le troisième roman de Fullmetal Alchemist, Ed et Al se retrouvent dans une ville utopique où tous les habitants vivent en apparence heureux. Vont-ils rester dans cette cité et laisser tomber leur quête de la pierre philosophale ? Al va-t-il partir alors qu’il a trouvé une petite-amie ? (Oui, scoop pour les fans, votre boite de conserve préférée a un cœur d’artichaut).
Dans le quatrième roman de Fullmetal Alchemist, on retrouve la segmentation en deux nouvelles du premier roman. Dans le premier récit Ed et Al retournent à Rizenbul et retrouvent un ami d’enfance tandis que dans le second, plus humoristique, on retrouve Roy Mustang en vacances.
Les romans permettent ainsi d’ajouter des « tranches de vie » et de petites intrigues secondaires qui ne perturbent en rien le cours du manga ou de l’anime. Il s’agit vraiment de bonus plus proche de fan fictions que d’une œuvre à part entière.
Ce n’est pas comme si les éditeurs avaient décidé de construire quelque chose de vraiment neuf à partir de l’univers de Fullmetal Alchemist. Contrairement à l’anime qui se suffit à lui-même et qui propose vraiment une vision alternative, le roman ne fait que donner un aperçu des aventures d’Ed et Al.
Économie ou pas ?
C’est alors qu’un grand dilemme se pose aux fans. Acheter ou ne pas acheter ? Telle est la question. S’ils achètent, leur banquier va faire une crise cardiaque. S’ils n’achètent pas et que les ventes de ce premier roman sont mauvaises, est-ce que l’éditeur va quand même publier la suite ? Rhaaaaaaaaaa ! Gros problème de conscience.
Contrairement à l’anime qui se suffit à lui-même et qui propose vraiment une vision alternative, le roman ne fait que donner un aperçu des aventures d’Ed et Al. À réserver aux fans donc.
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