De même que Gurren Lagen renouvelle les anime de robots géants, Kill la Kill revisite les combats sur campus. Beaucoup d’effets spéciaux, une animation fluide, un montage rapide et un scénario vraiment imprévisible font de cet anime un incontournable.
Ça débute comme une série lycéenne où la nouvelle recrue affronte les différents clubs de sport et ça part rapidement dans une toute autre direction.
Initialement, on peut avoir une impression de déjà vu avec une nouvelle lycéenne qui affronte les différents clubs en place avant de combattre celle qui gouverne ce petit milieu.
Ajoutez à cela une sorte d’opposition de classe : d’un côté on trouve Satsuki Kiryuin, la riche et noble héritière d’un côté, de l’autre Ryuko Matoi, l’orpheline squattant dans une famille vivant d’arnaques ayant du mal à joindre les deux bouts.
Dans cette série de baston, la seule chose qui change un peu est que les opposants sont des filles.
C’est évidemment le bon prétexte pour placer des scènes un peu dénudées à chaque fois qu’elles enfilent leur uniforme de combat dont la puissance est inversement proportionnelle à la quantité de tissus…
La séquence de transformation comme dans les bons vieux magical girls est l’occasion rêvée pour examiner le corps nu du personnage « sous toutes les coutures » si l’on peut dire.
Accessoirement, c’est autant de minutes d’animation réutilisables simplement et parfaitement justifiées par le scénario (gain de temps, d’énergie et d’argent).
Fast and furious
Mais ceci est un leurre et dès que l’on pense avoir compris où tout cela nous mène, BAM ! Changement de direction.
J’entends presque le scénariste (Kazuki Nakashima) se moquer de moi.
Et il n’y pas un revirement de situation, pas deux ni trois. Il y en a presque tous les quatre épisodes, ce qui pour une série de 24 épisodes fait quand même beaucoup.
En réalité, le scénario change aussi brusquement que les animations sont fluides et les combats déchaînés. Pas le temps de s’ennuyer dans cette série survoltée.
Avec Hiroyuki IMAISHI aux commandes, on pouvait s’attendre au meilleur et c’est le cas. Connu pour Gurren Lagann et Dead Leaves, ce réalisateur est le spécialiste des séries vraiment animées où l’on n’attend pas dix épisodes de flash-back avant d’avoir le seul combat de la saison.
À lire : Portrait de Hiroyuki Imaishi
En fan de Yoshinori Kanada, Imaishi aime quand cela bouge dans tous les sens, quitte à ce que l’on ne comprenne pas toujours tout ce qui se passe à l’écran.
Dans le cas de Kill la Kill, il a trouvé le juste dosage entre vitesse et effet vintage avec beaucoup d’harmony cels et grosses typographies barrant l’image pour ponctuer le propos.
Et quand il y a baston (à chaque épisode), on en prend vraiment plein les mirettes.
Comme il y a toujours une bonne part de dérision et beaucoup de clins d’œil à la pop culture, le tout reste digeste.
Il n’y a pas d’agonie dans un flot de sang s’éternisant sur quatre épisodes entrelacés de flash-back. Non, les personnages souffrent et se relèvent vite pour clore en beauté.
On n’est pas dans Saint Seiya avec des gars se lamentant sur leur sort avant de trouver le septième sens. Ici les filles mènent la danse et semblent pressées d’en découdre.
Même l’épisode de flash-back est monté de manière humoristique et alerte : le récap’ de toute la série tient dans les minutes d’introduction avant le générique (avec une voix off qui accélère son débit crescendo).
Il faudrait le revoir au ralenti pour être sûr qu’il y a bien tout.
L’habit ne fait pas le moine
Tout a débuté par une conversation bien arrosée dans un izakaya (restaurant où l’on sert surtout beaucoup d’alcool).
Il s’agissait initialement de faire une version moderne et féminine d’Otoko Gumi, manga de 1974 mettant en scène l’affrontement entre un lycéen régnant sur l’établissement et un nouveau venu, champion d’arts martiaux mandaté pour le contrer.
Cette série dessinée par Ryoichi Ikegami d’après un scénario de Tetsu Kariya est connue pour sa violence et le réalisme des combats.
Le combat entre les lycéens se double d’une lutte impliquant les dirigeants du Japon.
Si Kill la Kill reprend cette trame à ses débuts, la série joue très vite sur nos attentes et les codes de l’animation japonaise, un peu comme si elle illustrait le dicton : « l’habit ne fait pas le moine », c’est-à-dire que les apparences sont trompeuses.
Vous pensiez qu’il ne s’agit que de baston avec des adversaires de plus en plus forts ?
Raté : Mako Mankanshoku, le boulet qui semble n’avoir qu’une fonction comique se révèle être un élément clef pour sauver Ryuko d’elle-même.
Vous croyiez que les vêtements procurant des pouvoirs surhumains ne sont qu’un prétexte facile pour des combats plus impressionnants ?
Encore raté : la puissance qu’ils procurent est expliquée dans la suite du scénario de manière claire et précise.
Vous n’êtes pas dans Lost. Il n’y pas de question sans réponse. Vous estimez que la série repose sur le scénario bateau d’une fille vengeant son père ? Toujours raté.
Mais je ne peux pas en dire plus sans vous gâcher la surprise.
Vous vous apprêtiez à crier au sexisme devant ces poitrines comprimées défiant la pesanteur (et suspendues par la pudeur ?!)…
Mais très vite vous croisez un prof exhibitionniste (qui n’est pas le pervers que l’on croit) cherchant tous les prétextes pour s’effeuiller ; vous vous rendez compte que les hommes ont la même caméra qui tourne autour de leur corps nu quand ils endossent leur uniforme de combat.
Et toute cette nudité qui peut sembler gratuite est justifiée par un autre twist du scénario. Ce n’est pas que du fan service !
Vous l’aurez compris, Kill la Kill a de quoi séduire même les plus blasés. Nerveux, plaisant et bien réalisé, cet anime est indispensable.
Ne vous fiez pas à l’épisode 1 disponible légalement et gratuitement sur ww.wakanim. La série est vraiment un régal.
Depuis l’écriture de cet article, un manga adapté de la série est sorti. Il est disponible dans toutes les bonnes librairies.