En un peu plus de dix ans, Crytek est devenu incontournable dans l’industrie du jeu vidéo. Ce studio de Francfort a déjà parmi ses succès Far Cry et Crysis, best-sellers sur PC. Avec Crysis 2, il s’attaque au marché des consoles et vient d’annoncer un partenariat avec Microsoft pour son prochain titre connu sous le nom de Kingdom. Cette success story allemande a aussi influencé les récentes décisions du gouvernement qui souhaitait bannir les jeux « violents » de son territoire.
Beaucoup de studios indépendants souhaitant réaliser des projets d’envergure commencent par des commandes pour des constructeurs de consoles. Dans le cas de Crytek, le premier titre publié par un éditeur tiers a d’emblée été un succès mondial : Far Cry (2004). Il s’en est écoulé 730 000 exemplaires en quatre mois.
Ubisoft ayant conservé les droits sur le jeu, Crytek lance Crysis avec Electronic Arts (2007). Ces deux FPS ont pour point commun un univers ouvert situé dans une jungle où il faut se débrouiller au mieux pour survivre. L’aspect « bac à sable » allié au fait que presque toutes les techniques pour éliminer l’ennemi sont possibles font de ces jeux des aires de récréation pour adultes. Ajoutez à cela une certaine maîtrise de la Nanosuit, la combinaison présente dans Crysis et qui permet d’accroître certaines capacités sur une durée limitée, et vous avez de quoi faire un guerrier ultime !
Expansion
Créée en 1999 à Coburg, la société est détenue par trois frères : Cevat, Avni et Faruk Yerli. Au départ, en 1997, seul Cevat s’est lancé dans l’aventure du jeu vidéo. Avec l’explosion des coûts de développement et le piratage sur PC, Crytek a dû s’adapter au marché des consoles et se doter de plusieurs bureaux et studios dans le monde : Budapest, Kiev, Sofia et Séoul — afin de vendre le moteur. En 2008, Crytek rachète le studio Free Radical (créateur de TimeSplitters et de Haze) et s’implante en Angleterre, un des plus gros marchés européens. La firme y fait développer le mode multijoueur de Crysis 2.
Pour le plus grand bonheur de ses employés, la société les autorise à consacrer jusqu’à 20 % de leur temps à des projets personnels. Une façon comme une autre de conserver la créativité au sein d’une société de plus en plus grande et sans doute amenée à se développer encore.
Connus pour la beauté de leur graphisme, les titres de Crytek ont aussi suscité l’intérêt des autres studios qui ont cherché à acquérir le moteur de jeu, CryENGINE. C’est ainsi que Crytek s’est aussi lancée sur le marché des middlewares en proposant un moteur concurrent de l’Unreal Engine d’Epic Games. Le seul problème est que les jeux ne tournent bien que sur des PC dernier cri optimisés pour une utilisation gamer.
Avec la sortie de Crysis 2, la promotion du CryENGINE 3, moteur multiplate-forme, est d’emblée assurée. Il faut dire qu’au fil du temps, cette partie du business a pris beaucoup d’ampleur. Une équipe de soixante personnes est désormais dédiée à cette partie recherche et développement.
Crysis 2
Avec Crysis 2, la réputation de Crytek est en jeu. Le titre sera-t-il le Halo-killer rêvé par EA ? Le graphisme sera-t-il aussi époustouflant que celui de Crysis à son époque ? Saura-t-il se faire une place malgré le calendrier très chargé des FPS de la fin d’année ? N’ayant pas de boule de cristal, nous éviterons de répondre à ces questions. Néanmoins les promesses de Crytek sont nombreuses. Ce FPS futuriste est censé plaire à la fois aux amateurs de SF et aux aficionados de jeux de guerre, avec un large panel d’armes réalistes ou plus fantaisistes. Malgré sa simplification nécessaire pour s’adapter aux consoles, le gameplay serait à la fois dynamique, efficace et accessible.
Nathan Camarillo, Executive Producer, nous explique que l’équipe a tenu à garder l’aspect sandbox tout en peaufinant le background et le scénario que les joueurs peuvent découvrir au fil du jeu ou totalement occulter s’ils souhaitent juste canarder des aliens et des soldats ennemis. Sans être plus complexe (après tout, il s’agit d’un FPS), l’intrigue devrait être mieux amenée. Le nouveau terrain de jeu étant la jungle urbaine de New York, les perspectives sont moins impressionnantes, mais devraient être compensées par la verticalité des lieux. Enfin, la 3D est là pour immerger le joueur dans l’action. Il ne reste plus qu’à tester le jeu.
Initialement publié dans IG Magazine 10.