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Ravelry : le réseau social où défilent les amatrices de tricot

Dans la plupart des sites sur le web marketing, les rédacteurs et analystes divers ne cessent de comparer les mérites de Facebook et autres réseaux sociaux. En réalité, il existe un réseau social bien plus performant que ceux dont on nous bassine les oreilles à longueur de journée : Ravelry.

Sceptiques, vous voulez des preuves chiffrées de l’efficacité de Ravelry. En voici :

  • Plus de 3 millions d’inscrits en 2013
  • 1,3 millions de modèles vendus en ligne en 2012
  • 71 000 dollars de dons par les utilisateurs en 2008
  • 1,2 millions de dollars de chiffres d’affaires en 2009
  • 4 patrons de tricot achetés par minute en 2009
  • Un scandale lié au fait que le comité Olympique a voulu interdire le terme « Ravelympics » pour la compétition de tricot organisé par le site !

Par ailleurs des personnes comme Jared Flood ou Ysolda Teague n’auraient jamais pu vivre en vendant des patrons de tricot si le réseau social n’en avait pas fait des stars. Le premier a créé sa propre marque de laine à tricoter et publie régulièrement des catalogues de mode à faire pâlir de honte les photographes œuvrant chez Phildar et compagnie. La seconde est régulièrement sollicitée par les éditeurs pour créer des modèles ou faire de la promotion.

De fil en aiguille

Tout commence en 2004 lorsque Jessica Forbes crée un blog sur le tricot où elle partage ses dernières créations. Elle n’est pas du tout la mamie à laquelle on peut s’attendre mais une trentenaire. La jeune femme de Boston rêve bientôt d’un site communautaire où chaque tricoteuse pourrait partager ses conseils, échanger des écheveaux de laine, ou commenter des patrons. C’est à la fois une gigantesque encyclopédie vivante rassemblant tous les modèles, toutes les laines et toutes les informations utiles à une tricoteuse. Plus encore, chacune peut y mettre sa galerie personnelle avec ses travaux en cours ou achevés. Elle donne une première esquisse de ce site en avril 2005 dans un billet qui reçoit 95 commentaires enthousiastes. Avec son mari Casey (qui est codeur), elle se lance alors dans la création de ce site alliant réseau social, encyclopédie et librairie virtuelle.

Assez vite, Jessica et Casey Forbes démissionnent de leurs emplois respectifs pour ne se consacrer qu’au site qui aujourd’hui fait vivre cinq personnes à plein temps. Actuellement, le réseau possède des sources de revenus diversifiés ce qui a permis au couple de décliner les offres de rachats. Outre la publicité, le merchandazing et les dons et la vente de modèles en ligne, Ravelry touche une commission pour les livres de tricot vendus sur Amazon grâce à leur base de données. Le site organise aussi des salons et fait payer certaines fonctionnalités. Mais 99% des fonctionnalités du site sont gratuites et les designers de tricot touchent plus de 90% du chiffre d’affaires généré par les ventes.

Depuis 2008, le site n’a jamais été dans le rouge et il est devenu le réseau incontournable pour les tricoteuses.

Fil rouge

Le succès de Ravelry est en partie lié à sa formidable base de données et ses outils de recherche.

Vous avez trois pelotes de laine et ne savez pas quoi en faire ? Il suffit de rentrer les références et de cliquer sur les suggestions de modèles. Vous pouvez affiner la recherche en entrant le métrage que vous avez à votre disposition et admirer les réalisations d’autres tricoteuses avec une même laine.

Vous n’aimez pas coudre les différents éléments d’un cardigan une fois tricotés ? Vous pouvez sélectionner les méthodes de construction des modèles pour ne faire apparaître que celles que vous souhaitez.

Vous adorez la laine utilisée pour tel tricot ? Vous pouvez savoir où la trouver en un clic.

Selon moi, le plus intéressant est le bouton « Ravel it ! » que vous pouvez ajouter à votre navigateur pour accéder directement au modèle dans la base de données.

L’autre élément essentiel de Ravelry réside dans ses fonctionnalités communautaires. On peut « aimer » des modèles réalisés par d’autres membres, mettre en « favori » des patrons, des laines ou des designers, avoir des « amis » partout dans le monde et voir ce qu’ils ont réalisé, commenter les modèles et expliquer les modifications qu’on a apporter lors du tricot. Un très gros forum vient compléter le tout pour celles qui se spécialisent dans le tricot de châles ou de chaussettes, celles qui butent sur tel ou tel modèle, celle qui veulent discuter de tout et de rien.

Enfin pour les designers, Ravelry est un espace de médiatisation et de vente très performant. La commission du site est faible et le bouche à oreille efficace.

Personnellement, je tricote depuis trois ans et je n’achète plus que des modèles vu et/ou disponible sur Ravelry. Plus encore, avant d’acheter de la laine, je vérifie ce que je peux en faire sur le site. Et grâce à ce site, je me sens beaucoup moins isolée dans ma monomanie tricoteuse.

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