Catégories
Anime Série télévisée

Sherlock Holmes : une série avec du chien

Les fans de Miyazaki et ceux de Sherlock Holmes peuvent partager au moins une série télévisée pour enfants : Meitantei Holmes. L’habitant de Baker Street y devient un croisement entre un chien et un renard. Son acolyte un chien trapu au poil dur et l’animalité de protagonistes permet d’ajouter une touche d’humour loufoque à la série policière. 

Après avoir travaillé en tant que réalisateur sur la série Conan, fils du futur, puis sur le film de Lupin III : Le Château de Cagliostro, Miyazaki renoue avec ce poste pour la série Sherlock Holmes (Meitantei Holmes), co-production entre le japonais TMS et la RAI, chaine italienne.

Malheureusement, ce dessin animé aux chiens anthropomorphes s’arrête au bout de six épisodes faute de moyens selon certains, suite à des problèmes de droit selon d’autres.

Quoi qu’il en soit, Miyazaki profite de son chômage forcé pour réaliser Nausicaä de la vallée du vent, le premier film dont il maîtrise presque tous les tenants et les aboutissants puisqu’il s’agit d’une adaptation de son manga.

En première partie du film, une version remontée de deux épisodes de Sherlock Holmes est projetée.

Le film est un triomphe et les aventures du détective canin trouvent alors un regain d’intérêt auprès des investisseurs qui signent pour vingt autres épisodes.

Mais l’aventure se poursuit sans Miyazaki qui préfère continuer dans la réalisation de longs métrages avec son nouveau studio Ghibli.

Très librement inspiré des romans de Conan Doyle, la série a permis à l’artiste d’exprimer certains de ces thèmes de prédilection tout en affirmant une grammaire visuelle. Voici quelques clefs.

Steampunk

Comme pour les romans, l’intrigue se déroule dans le Londres de la fin du XIXe siècle, époque bénie de tous les amateurs de machines.

En effet c’est durant cette période que les inventeurs les plus fous élaborent les premières automobiles à vapeur puis à essence, que les avions battent des records et que l’imagination débridée de Jules Verne lui permet de créer les premiers livres de science-fiction.

C’est donc assez naturellement que l’amour bien connu de Miyazaki pour les appareils (volant) de toute sorte peut s’exprimer.

Moriarty et ses deux acolytes pilotent un improbable ptérodactyle rose, volent un sous-marin avec bras articulés permettant de chatouiller les indésirables qui s’accrochent à la coque, et fabriquent des outils tarabiscotés pour créer des galeries souterraines.

De son côté Holmes et Watson partent à la poursuite des criminels à bord d’un mini dirigeable ou de voiture roulant presque mieux en marche arrière qu’en avant.

Toutes ces inventions mécaniques farfelues permettent à Miyazaki de mettre en scène des courses poursuites effrénées (une à deux par épisode).

Totalement improbables et loufoques comme dans Lupin III, elles montrent des grappes d’officiers de Scotland Yard courant après Holmes qui fuit Moriarty ou l’inverse.

Dans des versions moins loufoques mais tout aussi spectaculaires, les joutes aériennes et les poursuites se retrouvent dans les autres films de Miyazaki.

Certains épisodes évoquent même des films postérieurs comme Laputa ou Porco Rosso. Dans La Disparition des pièces d’or, Holmes visite une ville industrielle et minière qui peut faire penser à la cité de Pazu.

Dans L’Aéropostale, on découvre le passé de Mme Hudson qui est une sorte de Gina avant l’heure, adulée par les pilotes. Comme la propriétaire de l’hôtel Adriano, elle est la veuve d’un aviateur.

Girl power

Mais la principale contribution de Miyazaki se perçoit dans les personnages secondaires féminins qui sont incroyablement présents, faisant presque des détectives des faire-valoir.

Dans les romans de Conan Doyle, les clients ont peu d’importance et mis à part Irène Adler, seule personne à avoir déjoué les plans de Holmes, les femmes n’ont guère d’intérêt. Dans la version canine de Miyazaki, elles jouent des rôles clefs dans quatre épisodes sur six.

Dans La petite cliente, Martha demande au détective que l’on retrouve son père par le biais d’une missive. Dans le Rubis bleu, tout tourne autour de Polly, orpheline débrouillarde vivant de larcins divers. Elle échappe à Moriarty et Holmes est obligé d’attendre son bon vouloir pour récupérer le bijou volé.

Deux épisodes de Meitantei Holmes sont consacrés à Mme Hudson qui initialement n’est que la logeuse du héros et n’a même pas de prénom dans les récits de Doyle. Dans le premier, elle est enlevée par Moriarty et ses sbires.

Loin d’être effrayée, elle se comporte chez eux comme avec Holmes et transforme en un petit palais coquet leur planque pleine de caleçons sales et de vaisselle en retard. On peut être un génie du mal et pas une fée du logis…

Mme Hudson leur prépare même un festin ce qui fait fondre le cœur de glace du professeur qui avoue qu’il aurait été bien différent s’il l’avait connue auparavant.

Dans L’Aéropostale, la logeuse montre un tout autre aspect de sa personnalité. Tendre et fragile au premier abord, elle se met à courir plus vite que Holmes et Watson pour sortir à coup de hache un pilote blessé de son avion en feu.

Passer ainsi de l’arrosoir à l’arme blanche n’est pas donné à tout le monde. Dans le même épisode, on la voit conduire à toute vitesse divers véhicules pour aller à la rescousse de Holmes, coincé sur un avion prêt à exploser.

Non seulement, elle se révèle être un pilote hors pair (Watson se contentant de rester accroché comme il le peut aux véhicules), mais elle est aussi une tireuse d’élite. Elle sauve ainsi tout le monde avant de retourner préparer le thé… Comme on peut le constater, elle est de la trempe de Nausicaä.

Les vingt autres épisodes de Meitantei Holmes valent également le coup d’œil, le remplaçant de Miyazaki n’ayant pas démérité. Certes les courses poursuites ne sont pas aussi excessives. Mais le tout se laisse agréablement regarder.

Et si vous avez lu jusqu’ici et apprécié l’article, offrez-moi un café 🙂

Qu'en pensez-vous ?