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Jeu vidéo

Tennis for Two : l’ancêtre des jeux vidéo né en 1958

Le premier jeu vidéo n’en est pas officiellement un. Il s’agit initialement d’une animation pour les journées portes-ouvertes d’une institution américaine, le Brookhaven National Laboratory. Comment un bidouillage destiné à amuser les visiteurs a-t-il pu influencer l’histoire du jeu vidéo ? Retour en 1958 avec Tennis for Two

Le Brookhaven National Laboratory est un organisme tout à fait sérieux où les chercheurs étudient la physique nucléaire et corpusculaire. C’est néanmoins là qu’est apparu pour la première fois un détournement de machines très ludique. William Higinbotham, savant ayant participé à la création de la bombe atomique, est le créateur d’un dispositif ingénieux alliant un oscilloscope et un ordinateur pour simuler la trajectoire d’une balle de tennis. Initialement, les deux machines servaient à calculer les trajectoires des missiles. Mais ceci n’étant pas vraiment passionnant pour le public des journées portes ouvertes du laboratoire, les machines ont été modifiées pour faire fonctionner ce premier « jeu vidéo » interactif : Tennis for Two.

Sur l’écran de 13 centimètres, une barre symbolise le filet tandis qu’un trait horizontal représente le sol. La balle n’est qu’un point lumineux qu’on peut manipuler en tournant le potentiomètre et en appuyant sur un bouton-poussoir. Rudimentaire mais efficace, cette animation rencontre un tel succès que les scientifiques décident de renouveler l’expérience en l’améliorant. L’année suivante, l’écran est plus grand pour un meilleur confort et l’on peut même choisir la gravité au cas où l’on préfère jouer sur Jupiter ou sur la Lune.

Higinbotham la nomme sobrement « Tennis for Two » (T42 pour les amateurs d’abréviations geek). Il n’aura fallu que quelques jours pour mettre en place les différentes machines et pour débugger le jeu. Comme tout ceci n’est à ses yeux qu’un divertissement sans grande importance et assez simple à faire, Higinbotham ne cherche pas à exploiter l’idée. D’ailleurs, les machines ont été par la suite reconfigurées et utilisées à des fins plus scientifiques. En tant que physicien dans le nucléaire, il a des problèmes bien plus importants à régler, comme empêcher la prolifération de l’arme atomique…

Procès de 1983

L’histoire aurait pu s’arrêter là mais en 1983, pour les besoins d’un procès, Nintendo a essayé de promouvoir Tennis for Two au rang de première console de jeux vidéo afin de battre les américains Atari et Sanders, ce dernier produisant la console de jeu Magnavox Odyssey. Parmi les accessoires indispensables pour y jouer, il y a des cartouches de circuits imprimés contenant les différents jeux disponibles. Il suffit de changer de « game card » pour jouer à un autre titre. Pour limiter la concurrence, les avocats américains poursuivent tous les fabricants de console dont Coleco, Mattel et Nintendo.

Lors du procès, la firme japonaise a bien essayé de prouver que la première console de jeu n’était pas l’Odyssey mais l’installation Tennis for Two. Rien n’y fait : tous les constructeurs ont payer des royalties jusqu’au moment où les brevets sont tombés dans le domaine public. Évidemment les avocats de la société se sont bien gardés d’informer le véritable inventeur de l’Odyssey de ces procès juteux. Ralph Baer ne l’a découvert qu’en 2002…

Entre temps, l’inventeur d’origine allemande avait aidé Coleco à élaborer une console, produit le électronique et musical Simon (1978) et participé à la conception de bien d’autres machines. Mais revenons au T42 qui a depuis lors été constamment réinventé.

Les versions modernes

Pour fêter les cinquante ans du Brookhaven National Laboratory puis du jeu Tennis for Two, l’installation a été remise en place pour le plus grand plaisir du public. Comme il s’est avéré difficile de retrouver exactement le même ordinateur, il a fallu reconstituer une machine à partir de pièces diverses pour se rapprocher de l’expérience de 1958. Le site du laboratoire présente à la fois l’histoire de la première version et celle de la réinvention avec les difficultés techniques rencontrées dans un court documentaire réalisé par l’université de Stony Brook.

Plus récemment, le Museum of Electronic Games and Art a également reproduit une version de Tennis for Two sur oscilloscope. Ils ont également produit une version iOS (payante) pour ceux qui voudraient retrouver cette expérimentation ludique sur leur smart phone.

L’histoire ne dit pas si la médiatisation de T42 et ses recréations modernes au XIXe siècle peuvent vraiment aider le Brookhaven National Laboratory à recruter de nouveaux chercheurs. Malheureusement, j’en doute.

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