Le meilleur moyen d’attirer les médias grand public est de mettre des stars au doublage de jeux vidéo : cette technique bien connue est largement utilisée dans les films d’animation où les voix sont confiées à des célébrités. Dans le cas du jeu vidéo, l’emploi d’acteurs connus pour les voix devient une sorte de nouvelle norme.
Bien sûr la pratique existe depuis longtemps et la série des GTA est celle qui propose le casting le plus impressionnant. Le premier épisode a présenter un casting de star est GTA3 : Michael Madsen, Kyle MacLachlan, Frank Vincent. Puis la pratique se poursuit. Dans Vice City, Dennis Hopper et Ray Liotta côtoient Burt Reynolds. Dans le volet San Andreas, on trouve pêle-mêle Samuel L. Jackson, Peter Fonda et Axl Rose. D’autres célébrités font des apparitions dans la série : Phil Collins et Karl Lagarfeld…
Outre les acteurs, le jeu vidéo fait aussi appel aux chanteurs Mike Patton (Faith No More) double la voix du Darkness dans Darkness 2 ; Jack Black incarne le héros de Brütal Legend ; Jimmy Urine, du groupe Mindless Self Indulgence, prête sa voix au boss Zed.
Aujourd’hui il semble que cette tendance s’emballe. Plus de lancement de jeu sans une voix connue. Avant même de pouvoir toucher au jeu, on annonce aux journalistes la liste des voix. Dans Kingdom Hearts 3D, Leonard Nimoy (Spock dans Star Trek) et Hayden Panettiere (pompom girl de Heroes) se font de l’argent de poche en faisant le doublage de jeux vidéo.
La nouvelle Lara Croft du dernier Tomb Raider est jouée par l’actrice de True Blood, Camilla Luddington. Les Call of Duty et Fallout font régulièrement appel à des stars alors que les jeux se vendent déjà par palette. Michael Rosenbaum (Lex Luthor dans Smallville) devient la voix à Nick, petit ami de Juliet dans Lollipop Chainsaw. Même QUANTUM CONUNDRUM, titre indé en téléchargement, a une « star » pour prêter sa voix au jeu de réflexion à la première personne : John de Lancie ( “Q” dans Star Trek: The Next Generation et Breaking Bad).
Et en France ?
En France, on procède de façon similaire pour faire parler auprès des médias. Récemment, Benoît Magimel (Les petits mouchoirs) est la voix d’un des personnages de Call of Duty : Modern Warfare 3. Bien sûr en faisant intervenir une personne travaillant dans les médias grand public, cela contribue encore plus à la visibilité du produit à travers ces canaux de diffusion : Philippe Manœuvre (Les Enfants du rock, Les Inrock’) intervient ainsi dans Guitar Hero 6, Mouloud Achour (présentateur de Canal +) prête sa voix dans DJ Hero 2.
Ajoutez à cela le fait qu’en France, les acteurs américains sont toujours doublés par la même voix et vous pouvez ainsi vous payer la voix française de Schwarzenegger (Daniel Beretta) pour doubler Sam Fisher et Duke Nukem.
Bien sûr, une voix connue n’est pas toujours synonyme de bon jeu. D’ailleurs, si c’est le seul argument mis en avant par le marketing, vous pouvez vous montrer sceptique.
Origine de cette habitude de doublage de stars ?
Depuis ses origines, l’industrie du jeu vidéo américain puise dans le cinéma ses thèmes (notamment les films d’horreur) et réalise des adaptations. Lorsque la technologie l’a permis, les studios ont intégré des acteurs dans leur titre lors de séquences cinématographiques. Doit-on y voir l’habitude de prendre des acteurs connus pour doubler des jeux vidéo ?
Parmi les titres ayant fait appel à des stars pour les passages de vidéo digitalisée, il y a bien sûr la série des Wing Commander. Dans cet univers fictif, les humains du XXVIIe siècle affrontent un peuple extraterrestre connu sous le nom de « Kilrathi ». Ses membres ont l’apparence de félins bipèdes et forment un empire militaire. Le joueur incarne un pilote humain et sa réussite dans les niveaux détermine la suite des missions qu’on lui confie. On pourrait presque comparer cela à un simulateur d’avion de combat mais avec un scénario et surtout un univers à la Star Wars dans lequel vous incarnez l’équivalent de Luke Skywalker.
Le troisième volet de Wing Commander est le premier de la série à être en 3D et surtout le premier jeu à intercaler des vidéos avec de vrais acteurs entre les scènes de combats. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment Mark Hamill (Luke Skywalker dans Star Wars), Malcom McDowell (Orange mécanique) et Thomas F. Wilson (Biff dans Retour vers le futur). Par la suite les autres Wing Commander comportent également des scènes filmées.
Comme on peut le constater, les acteurs connus n’avaient pas peur de faire du jeu vidéo aux États-Unis, contrairement à ce qui peut se passer en France. Outre la proximité géographique entre les studios de jeu et de film, il y a donc une habitude qui remonte aux années 1990. Le fait que ces stars soient connues et apportent une médiatisation supplémentaire aux jeux est bien sûr un bonus non négligeable.
Si vous ne connaissez pas la série des Wing Commander, le site GOG propose de le télécharger de manière légale ici.