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Gosho Aoyama, l’artiste qui finira tué par Détective Conan

Comment devenir un mangaka de renom avec une œuvre de commande, puis assouvir sa passion en ayant gagné la confiance des éditeurs ? Demandez à Gosho Aoyama.

Comme beaucoup de mangaka, Gosho Aoyama a étudié les beaux-arts à l’université. C’est durant cette période estudiantine qu’il gagne un concours avec son premier manga Chotto mattete (« attendez un peu »).

Passionné par les romans policiers à énigme à la Conan Doyle et Maurice Leblanc, il crée une courte série intitulée Magic Kaito où un jeune cambrioleur génial fait appel à la magie. Ce personnage sera repris dans Détective Conan sous les traits du Kid.

Vivre d’une commande

Pour contrecarrer la déferlante Dragon Ball publié dans le Shônen Jump, la Shogakukan commande à Aoyama une histoire similaire qui paraît dans le Shônen Sunday : Yaiba.

Le héros est un apprenti samouraï qui ressemble beaucoup à un Sangoku jeune. Comme dans l’œuvre de Toriyama, de grandes légendes asiatiques sont parodiées.

Le manga est une sorte de fourre-tout loufoque où les gags s’enchaînent plus ou moins bien, mais qui est tout de même sympathique à lire.

Après avoir rempli sa mission auprès de son éditeur, gagné un prix et le cœur du jeune public, Aoyama s’attelle à un projet plus personnel.

Vivre de sa passion

Avec Détective Conan, il aura la gloire, l’argent et le plaisir de travailler sur une histoire qui lui tient vraiment à cœur. L’intrigue relate les enquêtes d’un lycéen brillant qui a l’apparence d’un enfant de sept ans suite à l’ingestion d’un poison.

Il vit désormais chez Kogoro Mouri, détective privé un peu minable, qu’il essaie d’aiguiller sur les bonnes pistes et qu’il endort régulièrement pour dévoiler le nom des coupables dans une scène attendue où tous les personnages sont réunis.

Adaptation réussie des récits à énigmes, mélangeant agréablement humour et romance amoureuse, Détective Conan est un bestseller qui compte presque une centaine de volumes au Japon.

Le titre est un clin d’œil à l’auteur de Sherlock Holmes et chaque volume comporte un morceau d’encyclopédie personnelle de l’auteur sur des romans ou des auteurs qu’il admire.

Avec ses meurtres en chambre close et les mystérieuses apparitions des hommes en noir, la série s’adresse à la fois à un public d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes.

Simple et efficace

Certes, le graphisme d’Aoyama n’est pas des plus remarquables. Il a peu évolué entre Yaïba et Conan : des trais assez arrondis, une mise en page classique, une utilisation modérée des trames.

S’il empruntait beaucoup d’éléments graphiques à Toriyama et Takahashi à ses débuts, l’influence est à présent plus difficile à percevoir.

Une chose est sûre, on ne lit pas les manga de Gosho Aoyama pour la beauté des images ou la variété des mises en page. Il n’est ni un Katsuhiro Otomo ni un Takehiko Inoue.

Sa narration sobre et efficace, ses scénarii captivants et ses personnages attachants ne laissent pas personne indifférent. Ce n’est pas pour rien qu’il figure auprès de Rumiko Takahashi parmi les dix mangaka les mieux payés au Japon.

Mourir de sa passion ?

Même si le genre policier est celui qu’il préfère, Gosho Aoyama vit de et avec Conan depuis 1994…

Cela fait plus de 25 ans passé à décrire des crimes en chambre close, des hommes en noir menaçant et une romance impossible qui ne progresse pas plus que l’âge apparent du héros !

Bureau de Gosho Aoyama

Et malgré les 98 volumes déjà publiés et vendus à plus de 230 millions d’exemplaires à travers le monde, Gosho Aoyama est toujours en train de dessiner cette série.

Certes, de temps en temps il est obligé de faire une pause car il est à l’hôpital pour une opération chirurgicale. Il s’adresse ainsi régulièrement à ses lecteurs pour expliquer le hiatus dans la publication.

Bien sûr, les fans sont inquiets car Gosho Aoyama est un créateur de manga qui dort en moyenne 4 heures par jour pour finir son chapitre.

D’un autre côté, si l’auteur meurt avant la fin de la série, nous ne saurons sans doute jamais comment se termine Détective Conan.

Aujourd’hui, à 53 ans, il continue de réaliser ses manga à énigme et ne s’arrêtera sans doute que lorsque la Faucheuse viendra lui demander des nouvelles.

Après tout, c’est l’un des rares auteurs à être toujours vivant alors que le musée qui lui est consacré va être fermé !

(En réalité, le musée est fermé à cause de « Coro-chan »)

Voici le prospectus pour promouvoir le musée situé à Tottori Hokuei et une photo d’une des nombreuses statues à l’effigie des personnages de Détective Conan.

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