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Okamiden : interview de Yukinori Kitajima

Écrivain, scénariste de mangas et de jeux vidéo, Yukinori Kitajima est connu au Japon pour Chaos Rings (Square Enix) et le roman interactif 428 : In the Blocked City, Shibuya (SEGA). Il a également scénarisé Okamiden (Capcom) et écrit une nouvelle dans cet univers. Il nous explique ce qu’il a voulu mettre en avant dans le jeu.

Okamiden se situe quelques mois après Okami. Pourquoi avoir choisi une période si proche ?

Yukinori Kitajima : Je voulais donner à tous les fans d’Okami l’occasion de retrouver les personnages qu’ils avaient appréciés dans le premier volet, comme Susano et d’autres. Si nous avions mis une période plus longue dans le récit entre les deux jeux, ces personnages auraient beaucoup trop évolué et ne seraient plus du tout les mêmes. D’un autre côté, si Okamiden s’était déroulé quelques jours seulement après Okami, toutes les actions d’Amaterasu n’auraient servi à rien. C’est pourquoi le jeu DS se déroule neuf mois après les événements du premier titre.

Comme ce sont les mêmes personnages qui reviennent, avez-vous imaginé leur biographie entre les deux jeux ?

Yukinori Kitajima : Dans la mesure où Amaterasu sauve le pays à la fin du premier jeu, je ne voulais pas que cela soit une action qui paraisse négligeable et j’ai fait en sorte que les personnages vivent leur vie paisiblement entre les deux titres.

Chibiterasu est un petit loup. Pourquoi avoir choisi d’en faire un enfant plutôt qu’un adulte ?

Yukinori Kitajima : Les thèmes principaux d’Okamiden sont les relations humaines et le fait de grandir. Un héros enfant était donc plus adapté qu’un adulte.

Pouvez-vous en dire plus sur Kuni, enfant de Susanoo et Kushi ?

Yukinori Kitajima : Vous allez devoir terminer le jeu pour en savoir plus sur le personnage et découvrir toute son histoire.

Quelles sont les relations entre les enfants et Chibiterasu ?

Yukinori Kitajima : Chibiterasu voyage avec un seul compagnon de route à la fois. Les enfants ne font jamais la route ensemble. Néanmoins, ils nouent des rapports entre eux. Mais pour bien comprendre les relations entre tous ces personnages et voir comment elles fonctionnent, il est indispensable de jouer !

Quelles ont été vos inspirations dans la création de ces enfants ?

Yukinori Kitajima : Les enfants ont leur propre vision des choses ainsi que leurs problèmes qui sont très différents de ceux des adultes. Quand je crée les personnages, je fais en sorte d’imaginer les problèmes et les valeurs spécifiques de chaque figure d’enfant.

Est-ce plus difficile que de créer des personnages adultes ?

Yukinori Kitajima : Je ne pense pas que l’un soit plus difficile que l’autre.

Chibiterasu et les enfants grandissent au fil de l’aventure. Doit-on y voir un message pour les joueurs enfants ?

Yukinori Kitajima : Les enfants du jeu doivent surmonter leurs peurs et leurs faiblesses pour régler leurs différents problèmes. Ils doivent aussi se résoudre à quitter les gens qu’ils rencontrent au fil de l’aventure. C’est en effet un message pour la génération des enfants qui joueront à ce titre : le futur est entre leurs mains !

Comment créer de l’émotion dans un jeu vidéo ou parvenir à susciter un attachement sentimental pour les personnages ?

Yukinori Kitajima : Je pense que l’essentiel réside dans le réalisme des émotions mises en scène. Quel que soit le cadre de l’intrigue, les réactions humaines ne changent pas fondamentalement. Bien sûr, selon les événements que vous créez, les personnages vont réagir différemment mais je pense que le plus important est de faire en sorte que ces émotions soient les plus crédibles, réelles et naturelles possibles.

Beaucoup de personnages meurent dans Okami. Est-ce aussi le cas dans Okamiden ?

Yukinori Kitajima : J’estime que la mort est une chose inévitable. Elle est présentée dans le jeu comme un événement que vous pouvez surmonter mais surtout comme un facteur inéluctable qu’il faut accepter. Faire en sorte que le joueur en vienne à considérer la mort sert surtout à ce que l’intrigue soit meilleure et plus prenante.

Le joueur doit recréer un monde qui se meurt. Ce thème est-il essentiel pour vous ?

Yukinori Kitajima : Les enfants d’Okamiden ont un lourd fardeau à porter, tout comme les enfants du monde réel. En tant qu’adultes, nous avons le devoir de leur laisser un maximum de choses. La menace qui pèse sur le monde excède l’univers fictif du jeu. Nous sommes actuellement en train de laisser un fardeau pour les générations à venir. Dans mon cas, j’essaie de voir ce que je peux faire pour préparer au mieux les enfants à affronter ce futur. C’est effectivement un thème capital qui me tient vraiment à cœur.

Dans l’édition limitée Okamiden Chiisaki Taiyou E-Capcom Limited Edition, il y a une nouvelle. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Yukinori Kitajima : Le jeu relate les aventures de Kuni et Chibiterasu. Le livre permet d’en savoir plus sur l’un des mystères en jeu qui les concerne.

Est-il difficile d’écrire pour le jeu vidéo lorsque l’on est romancier ?

Yukinori Kitajima : Je pense que ce n’est pas évident de devenir rapidement un bon scénariste pour le jeu vidéo. Mais je suis un fan de jeux depuis mon enfance et je comprends sans doute mieux les concepts liés aux jeux et à leur création. En ce qui me concerne, cela n’a donc pas été trop difficile d’écrire des scripts pour le jeu vidéo.

Y a-t-il des choses que vous n’avez pas pu intégrer en jeu ?

Yukinori Kitajima : Disons que l’histoire a changé assez radicalement afin de coller au planning de production. Ensuite, en tant qu’écrivain, il n’y a pas de différence réelle au niveau des consoles. Les cut scenes d’Okamiden sont vraiment très proches de celles que j’avais imaginées dans le script.


La suite dans IG Magazine.


Pour en savoir plus sur la mythologie japonaise dans Okami et Okamiden, il y a aussi cet article.

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